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Commissaire européen: Moscovici au rattrapage             

Pierre Moscovici risque de devoir passer un deuxième oral.

Pierre Moscovici risque de devoir passer un deuxième oral. - Emmanuel Dunand - AFP

Pierre Moscovici n'a pas convaincu Bruxelles lors de son audition le 2 octobre pour le poste de commissaire européen aux Affaires économiques. Il devra répondre par écrit à de nouvelles questions.

Décidément, Pierre Moscovici a du mal à convaincre qu'il était le bon candidat au poste de commissaire européen aux Affaires économiques.

Trois heures d'audition, le 2 octobre à Bruxelles devant la Commission des affaires économiques du Parlement européen, n'y auront rien fait. Ses membres ont réclamé des "éclaircissements" sur sa "crédibilité pour la mise en oeuvre du Pacte de stabilité". L'ex-ministre de l'Economie devra répondre "par écrit" d'ici au début de la semaine prochaine à de nouvelles questions. 

L'ancien patron de Bercy s'est heurté à l'hostilité de farouches détracteurs. A tel point que, selon Isabelle Ory, correspondante de la Radiotélévision suisse et d'Europe 1 à Bruxelles, tous les groupes politiques, même les Verts et l'extrême gauche, sauf les socio-démocrates, ont demandé une deuxième audition du Français.

Pierre Moscovici est dans le collimateur de la droite, notamment allemande et française, pour avoir été le ministre des Finances d'un pays incapable de réduire ses déficits publics.

"Comment être certains que vous serez le braconnier devenu garde-chasse?", lui a lancé la députée néerlandaise Sophie In't Veld (libérale) tandis que la Française Sylvie Goulard, de la même tendance politique, l'a accusé sur Twitter d'être "un acrobate, aux loyautés successives".

Un déficit français loin de 3%

Son audition est, en effet, tombée à un moment critique, au lendemain de la présentation du projet de Budget français pour 2015 qui prévoit un déficit public à 4,3% du PIB, après 4,4% cette année. Loin des 3% auxquels Paris s'était engagé pour l'année prochaine, après avoir obtenu un délai de grâce.

Le député français UMP Alain Lamassoure a été le premier à l'attaquer en estimant que sa nomination susciterait un "malaise" après son "échec" en tant que ministre des Finances.

L'ancien locataire de Bercy a rappelé qu'il avait "réduit les déficits en France", passés de plus de 5% quand il avait pris ses fonctions à 4,1% fin 2013, et a insisté sur le fait que la France n'avait pas bénéficié de traitement de faveur, en obtenant deux ans de plus pour ramener son déficit dans les clous européens.

Reprenant une formule chère à Olli Rehn, ancien Commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici a affirmé que les "règles ne sont pas stupides, elles prennent en compte la situation économique" et les circonstances exceptionnelles. "Un pays, fût-ce la France, doit respecter les règles, et mon rôle c'est de faire respecter ces règles et c'est ce que je ferai", a-t-il martelé.

En 2004, trois commissaires n'ont été acceptés par le Parlement européen

C'était une première. Il s'agissait de l'Italien Rocco Buttiglione, nommé au portefeuille "Justice et affaires intérieures". Il a été rejeté par la Commission des libertés publiques du Parlement européen à la suite de propos polémiques sur l'homosexualité (qu'il avait qualifiée de "péché"), le rôle des femmes dans la société et le traitement des réfugiés.

La Lettone Ingrida Udre – membre de l’Union des verts et paysans – n’avait pas montré un très fort enthousiasme européen. De plus, elle était impliquée dans une affaire de financement illicite de son parti. Appuyée surtout par le Premier ministre, elle était fragilisée par la démission du gouvernement intervenue entre-temps . Elle a été assez vite remplacée par le Letton Andris Piebalgs.

Quant au Hongrois Laszlo Kovacs, il n’a pas convaincu au poste de l’Energie et change de portefeuille avec justement le Letton Andris Piebalgs, chargé normalement de la Fiscalité.

Gaëtane Meslin

D. L.