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Commission européenne: la candidature de Sylvie Goulard est rejetée

Engluée dans une affaire d'emploi fictif, la candidate française soutenue par Emmanuel Macron n'est pas parvenue à convaincre les eurodéputés de son intégrité.

Sylvie Goulard ne sera pas nommée à la Commission européenne. Elle a échoué par deux fois à convaincre les eurodéputés. Lors de son second oral ce jeudi, elle a échoué à dissiper les doutes sur son intégrité. Parmi les eurodéputés appelés à s'exprimer, 82 ont voté contre, 29 pour et un s'est abstenu. Dans un tweet, l'intéressée tout comme l'Elysée ont dit "prendre acte" de cette décision.

Soutenue par le président Emmanuel Macron, qui l'a désignée pour rejoindre la nouvelle Commission dirigée par l'Allemande Ursula von der Leyen, Sylvie Goulard devrait se voir attribuer l'important portefeuille regroupant le Marché Intérieur, l'Industrie, la Défense, l'Espace, le Numérique et la Culture. Le rejet de sa nomination est donc une défaite personnelle pour le président de la République.

Réagissant à ce rejet, l'Elysée estime que Sylvie Goulard a été victime d'un "jeu politique qui touche la Commission européenne dans son ensemble". Emmanuel Macron va désormais réfléchir aux "suites à donner, dans le respect du portefeuille attribué à la France", a dit la présidence de la République. En clair, lui trouver un ou une remplaçante.

Emmanuel Macron: "il faut qu'on m'explique"

Lors d'un déplacement à Lyon, le président de la République a usé d'un ton un peu moins diplomatique disant "ne pas comprendre" les raisons de ce rejet et évoquant d'un ton acide "ce qui s'est joué de ressentiment, peut-être de petitesse" dans le vote des eurodéputés.

"Je me suis battu pour un portefeuille, j'ai soumis trois noms", a commenté le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse: "On m'a dit +votre nom est formidable, on le prend+ et puis on me dit finalement +on n'en veut plus+. Il faut qu'on m'explique".

"Tout le monde est contre Goulard sauf Renew Europe", la formation à laquelle elle appartient, a dit à l'AFP une source parlementaire avant le vote. Dans le même temps, on apprenait que le PPE, premier parti dans l'hémicycle, se prononcerait contre cette nomination. Il y avait donc assez peu de suspense.

Rappelons que l'ancienne eurodéputée est engluée dans l'affaire des emplois présumés fictifs à travers des assistants des eurodéputés du parti MoDem. N'étant pas mise en examen, la candidate estimait que la présomption d'innocence devait jouer en sa faveur. Bien que les enquêtes la concernant soient encore ouvertes, la Française a déjà remboursé 45.000 euros au Parlement européen, correspondant à huit mois de salaire d'un de ses assistants, pour lequel elle n'a pas pu fournir "de preuve de travail".

Surtout, elle a choqué beaucoup de députés européens en affirmant qu'elle ne démissionnerait pas automatiquement en cas de mise en examen.

Elle a aussi été plusieurs fois interrogée sur son travail de "consultante", moyennant "plus de 10.000 euros" mensuels selon sa déclaration d'intérêt pour un groupe de réflexion américain, l'institut Berggruen, d'octobre 2013 à janvier 2016, alors même qu'elle était eurodéputée.

Reconnaissant que son salaire peut "soulever des interrogations", Sylvie Goulard a souligné que cet emploi avait été dûment déclaré et qu'elle n'avait "aucune relation d'aucune sorte avec les activités commerciales" de M. Berggruen. Lors de son audition, elle avait affirmé ne rien connaître de ses "activités lucratives", ni de "la manière dont il finançait sa fondation".

Rappelons que Sylvie Goulard est la troisième candidate recalée par les députés européens après le conservateur Hongrois Laszlo Trocssanyi (PPE) et la socialiste roumaine Rovana Plumb jugés "inaptes" à cause de "conflits d'intérêts".

Désormais écartée de la Commission, elle pourrait retourner à la Banque de France où elle avait pris un congé.

OC avec AFP