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L'euro au plus haut après la non-décision de la Fed

La Fed a décidé de maintenir l'état de ses injections de liquidités

La Fed a décidé de maintenir l'état de ses injections de liquidités - -

La Réserve fédérale américaine a renoncé à réduire le montant de ses rachats mensuels de dette américaine et crédits titrisés. Les réactions des marchés sont immédiates.

La Fed continuera à racheter sur le marché secondaire des obligations souveraines et des titres adossés à des crédits hypothécaires au même rythme qu'actuellement: 85 milliards de dollars par mois. L'annonce, formulée ce mercredi 18 septembre, a créé la surprise chez les observateurs, qui s'attendaient à une réduction de ce montant.

Les marchés réagissent immédiatement. Wall Street a pulvérisé ses records historiques à la clôture mercredi soir. L'indice phare, le Dow Jones, prenait ,95% pour s'établir à 15.677 points. De son côté, le S&P 500, l'indice le plus regardé par les investisseurs, a grimpé de 1,22% pour terminer à 1.725 points. Chacun d'eux a dépassé son précédent record.

L'euro continuait à grimper face au dollar jeudi 19 septembre, les investisseurs ayant vu leurs attentes déçues. Vers 7h à Paris, l'euro valait 1,3535 dollar contre 1,3516 dollar mercredi vers 21h. 

Les contrats à terme sur les indices européens annoncent une ouverture en hausse. Le future sur CAC 40 gagne 1,38% à 4.226,5 points, le contrat sur le Dax de Francfort 1,33% et le contrat sur l'EuroStoxx 50 1,55%.

Comment interpréter le statut quo de la politique monétaire américaine? Faut-il y voir une défiance de la Fed vis-à-vis de la reprise économique aux Etats-Unis? Dans l'émission spéciale dédiée à la clôture du comité monétaire de l'institution, les experts de BFM Business décryptent ce choix.

Ben Bernanke s'en tient à ses promesses

"Quand on regarde les indicateurs parus cet été, il y avait un revers de la médaille pour chaque bon chiffre publié", estime Alain Pitous, directeur gestion diversifiée chez Amundi, ce qui laissait "planer des doutes sur la solidité de la reprise".

En outre, cette décision de continuer à injecter autant de liquidités dans l'économie constitue, pour lui, un refus de "mettre une pression sur les marchés alors que des discussions tendues sur le plafond de la dette américaine vont se tenir dans quelques semaines".

"Ben Bernanke a fait ce à quoi il s'était engagé", estime de son côté Grégori Volokhine, président de Meeschaert Financial Services à New York, à savoir "rester à l'écoute, jusqu'à la dernière minute, des statistiques", et décider en fonction d'elles. Or les derniers indicateurs parus attestent d'un "net ralentissement du secteur immobilier confirmé par la baisse des mises en chantier annoncées ce mercredi", ou encore d'une "inflation très basse", rappelle l'analyste.

La Fed ne peut pas sortir de cette politique

C'est également l'avis d'Olivier Delamarche, associé-gérant, Platinium Gestion. "Ben Bernanke avait dit qu'il ne réduirait l'assouplissement quantitatif que si les chiffres économiques le lui permettaient, ce qui n'a pas été le cas". Pour lui, cette politique va se poursuivre encore longtemps parce que "quand on commence ce genre de mesures, on ne sait pas en sortir".

Ces injections de liquidités massives ne "rentrent pas dans l'économie réelle", assure Olivier Delamarche, elles ne servent "qu'à soutenir les marchés". Or "un drogué n'aime pas qu'on lui retire sa piqûre", ironise-t-il.

Des conclusions que tempère Philippe Mimran, directeur de la gestion valeurs mobilières à La Française AM. "La première courroie de transmission pour faire repartir l'économie réelle, c'est la bonne santé des marchés actions". "La Fed a probablement fait une erreur", souligne-t-il, "elle aurait dû débrancher un tout petit peu", parce que désormais, son prochain mouvement va être "observé comme le lait sur le feu": "elle s'est mis une pression énorme", conclue Philippe Mimran.

Nina Godart