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Conjoncture: quand les Etats-Unis et la Chine se disputent, l’Europe trinque!

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Les derniers indicateurs macro-économiques confirment une tendance paradoxale : les Etats-Unis et la Chine résistent malgré la guerre commerciale qu’ils se livrent alors que l’Europe sombre doucement.

L’impact de la guerre commerciale sino-américaine sur l’économie européenne se confirme chaque mois un peu plus. La dernière fournée des indicateurs d’activité IHS Markit pour la zone euro révèle un nouveau ralentissement avec un indice composite à 50,4 (contre 51,9 en août) au plus bas depuis six ans, dont un PMI flash manufacturier à 45,6 contre 47,0 en août. Rappelons que sous la barre des 50, l'activité est en contraction.

Pour Chris Williamson, économiste chez Markit, "L'évolution des différentes variables de l'enquête semble annoncer une contraction de l'économie de la zone euro au cours des prochains mois".

Selon les estimations de la Banque centrale européenne, la croissance du PIB de la zone euro passerait de 1,9% en 2018 à 1,1% en 2019, avant de légèrement se redresser en 2020.

Une économie américaine peu ouverte

"Dans tous les cas, le niveau de 50,4 envoie le message d’une croissance presque atone à la fin du troisième trimestre. Voilà une façon bien molle d’entrer dans le suivant ! Le secteur manufacturier allemand est sans surprise à l’origine du phénomène. La "mauvaise passe" qu’il traverse s’étend à la fois à celle des pays partenaires et progressivement aux services domestiques", commente Hervé Goulletquer, stratégiste à la Banque Postale Asset Management.

De fait, le sous-indice du secteur manufacturier allemand a plongé à 41,4, son plus bas niveau depuis plus de dix ans.

Que l’Allemagne, très exposée à la guerre commerciale de par l’importance de ses exportations, et donc par effet ricochet la zone euro soient touchées, relève d’une certaine logique. Mais le paradoxe est que les économies américaines et chinoises ne semblent pas pâtir outre-mesure du conflit.

"Si on essaie de prendre un peu de recul par rapport au message envoyé par cette livraison d’enquêtes PMI, le diagnostic d’ensemble paraît être le suivant: l’activité manufacturière et résidentielle s’améliore aux Etats-Unis, les chiffres chinois décrivent une situation économique plutôt en progrès et la zone euro est à la peine. En la matière, l’image envoyée par la hiérarchie des indices de surprise économique est probablement assez fidèle de la dynamique relative entre les trois poids lourds de l’économie mondiale", explique Hervé Goulletquer.

Comment expliquer cette tendance ? "L’économie américaine est peu ouverte sur le reste du monde et donc moins sensible au ralentissement du commerce international. La demande intérieure reste l’alpha et l’oméga des conditions de la croissance. La Chine a les moyens de piloter l’activité ; le point est d’autant plus important que le 1er octobre le pays célébrera les 70 ans de la République populaire, et ceci dans un environnement compliqué (tensions avec les Etats-Unis, événements de Hong Kong et élection présidentielle à Taïwan). L’Etat-Parti ne peut simplement pas faire apparaître des signes de faiblesse à un tel moment et dans un tel contexte".

Quant à la zone euro, elle "est plus exposée aux échanges mondiaux et la locomotive manufacturière allemande est à la peine, que ce soit à la "grande exportation" (hors d’Europe) ou avec ses secteurs de l’équipement professionnel et de l’automobile". 

Conclusion, "plutôt du mieux aux Etats-Unis, de la résistance en Chine et de l’affaiblissement en zone euro. Comme si ces deux premières régions "buvaient" et que la troisième "trinquait" ! ".

Olivier Chicheportiche