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Corée du Nord: 200 millions de dollars de revenus d'exportations interdites en 2017

En 2017, à l'initiative de Washington, le Conseil de sécurité a imposé trois séries de sanctions économiques à la Corée du Nord.

En 2017, à l'initiative de Washington, le Conseil de sécurité a imposé trois séries de sanctions économiques à la Corée du Nord. - Kim Won -Jin - AFP

Un groupe d'experts de l'ONU chargés de vérifier l'application des sanctions souligne notamment que le pays continue d'exporter du charbon. La Corée du Nord s'affranchit aussi des interdictions en matière d'approvisionnement en pétrole.

Entre janvier et septembre 2017, le pays a exporté des produits interdits par des sanctions de l'ONU lui générant des revenus estimés à près de 200 millions de dollars, selon un rapport des Nations unies.

Consulté vendredi par l'AFP, ce document d'un groupe d'experts de l'ONU chargés de vérifier l'application des sanctions et remis aux 15 membres du Conseil de sécurité souligne notamment la poursuite d'exportation de charbon nord-coréen en dépit des sanctions internationales. Il évoque des pavillons de navire trompeurs, des transferts en mer de produits illicites entre navires et de la documentation frauduleuse destinée à masquer l'origine du charbon.

Les dernières enquêtes du groupe d'experts montrent que la Corée du Nord s'affranchit des interdictions de l'ONU en matière d'approvisionnement en pétrole via différents canaux, en s'appuyant sur des étrangers, des entreprises étrangères et sur le système bancaire international, indique aussi le document.

En rappelant que plusieurs navires ont été accusés par l'ONU de transbordements de charbon et de pétrole au bénéfice de la Corée du Nord, les experts soulignent qu'"un effort coordonné entre les États membres est crucial pour contrecarrer ces activités illicites rampantes".

Des marchés lucratifs pour les trafiquants

L'adoption entre fin 2016 et 2017 de quatre trains de sanctions économiques a fait émerger des "marchés lucratifs" pour des trafiquants cherchant à fournir du pétrole à Pyongyang et à lui faire exporter ses ressources naturelles, précisent ces experts. 

Les marges bénéficiaires, associées à la nature offshore de la plupart des secteurs pétroliers, maritimes et financiers concernés, réclament entre États membres de l'ONU un partage d'informations et une surveillance du secteur privé accrus, précise le document.

Des sanctions aussi sur les exportations de fer et de textile

En 2017, à l'initiative de Washington, le Conseil de sécurité a imposé trois séries de sanctions économiques à la Corée du Nord qui touchent notamment ses exportations de charbon, de fer, sa pêche et son textile et limitent ses approvisionnements en pétrole. Ces mesures ont été décidées après des tirs de missiles et un essai nucléaire menés par Pyongyang, jugés menaçants pour la stabilité internationale.

Le rapport pointe aussi des projets de coopération militaire avec la Corée du Nord repérés en Afrique comme dans la région Asie-Pacifique, ainsi qu'avec la Syrie et la Birmanie dans le domaine des missiles balistiques. Le document évoque des accords sur des armes conventionnelles et des opérations cybernétiques pour voler des secrets militaires.

Des représentants au Moyen-Orient et Asie qui facilitent les transactions

Les diplomates nord-coréens dans le monde continuent de jouer un rôle-clé dans le développement de programmes d'armement nord-coréens interdits. Ils fournissent un appui logistique à des transferts d'armes, des techniciens militaires et contribuent à des opérations de renseignement.

Des institutions financières nord-coréennes ont plus d'une trentaine de représentants au Moyen-Orient et en Asie, où ils contrôlent des comptes en banque, facilitent des transactions, y compris avec de l'argent liquide, selon le rapport.

Des espions et d'autres individus utilisent des comptes bancaires au profit de Pyongyang en Europe et en Asie-Pacifique, en recourant à des passeports diplomatiques et des voitures portant des plaques diplomatiques afin de se jouer des frontières terrestres et aériennes, indiquent aussi les experts de l'ONU.

Mettre un terme au conflit

Ils réclament enfin une coopération internationale et une volonté politique renforcées en 2018 pour réduire le contournement des sanctions de l'ONU, en proposant plusieurs axes de travail pour aider les États membres à faire face aux défis d'une application rigoureuse des résolutions internationales.

Ce rapport survient alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé vendredi les parties prenantes à la crise nucléaire nord-coréenne à des discussions "sérieuses", "absolument essentielles" pour mettre un terme au conflit.

Le patron des Nations unies a prévu de se rendre la semaine prochaine en Corée du Sud pour des entretiens avec les dirigeants sud-coréens et assister à la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques d'hiver à Pyeongchang. Selon des sources diplomatiques, Antonio Guterres pourrait profiter de son séjour pour voir aussi des représentants de la Corée du Nord.

Les deux Corées sont toujours techniquement en guerre car le conflit s'est achevé en 1953 sur un armistice et non sur un traité de paix. Vingt-deux athlètes nord-coréens doivent participer aux JO, dont 12 hockeyeuses sur glace arrivées la semaine dernière pour participer à une équipe unifiée.

La rédaction avec AFP