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La Corée du Sud annonce des sanctions contre le Nord

A la gare de Séoul, des soldats observent la diffusion d'un discours du président sud-coréen Lee Myung-bak. La Corée du Sud a suspendu ses relations commerciales avec son voisin du Nord et a exigé des excuses pour le torpillage de la corvette "Cheonan", q

A la gare de Séoul, des soldats observent la diffusion d'un discours du président sud-coréen Lee Myung-bak. La Corée du Sud a suspendu ses relations commerciales avec son voisin du Nord et a exigé des excuses pour le torpillage de la corvette "Cheonan", q - -

par Jack Kim et Arshad Mohammed SEOUL - La Corée du Sud a suspendu ses relations commerciales avec son voisin du Nord, duquel il a exigé des excuses...

par Jack Kim et Arshad Mohammed

SEOUL (Reuters) - Les deux Corées ont multiplié lundi les propos belliqueux à la suite des accusations de Séoul qui affirme que sa corvette "Cheonan" a été coulée par une torpille nord-coréenne.

La Corée du Sud a suspendu ses relations commerciales avec son voisin du Nord, duquel il a exigé des excuses pour le torpillage du navire.

Dans une allocution télévisée, le président sud-coréen Lee Myung-bak a annoncé qu'il soumettrait cette question au Conseil de sécurité de l'Onu.

"J'appelle solennellement les autorités de Corée du Nord à présenter des excuses immédiates à la République de Corée et à la communauté internationale", a déclaré Lee.

Les Etats-Unis, qui maintiennent un contingent de 28.000 hommes dans la péninsule coréenne, ont rapidement apporté leur soutien à la Corée du Sud.

Jugeant la situation "extrêmement précaire", la Maison blanche a fait savoir que Barack Obama avait donné instruction à l'armée américaine de se coordonner avec la Corée du Sud pour se tenir prête à dissuader la Corée du Nord de toute agression.

"Nous appuyons la demande faite par le président Lee (Myung-bak) à la Corée du Nord pour qu'elle présente des excuses immédiates et punisse les responsables de cette agression, et, de manière plus importante encore, qu'elle cesse son comportement belliqueux et menaçant", a dit le porte-parole de la Maison blanche, Robert Gibbs.

Le président sud-coréen a prévenu que Séoul invoquerait le droit à l'auto-défense si jamais Pyongyang l'attaquait à nouveau. La semaine dernière, Pyongyang avait adressé le même avertissement à Séoul en démentant toute implication dans le naufrage.

Pour la plupart des observateurs, il est peu probable que Pyongyang et Séoul aillent au-delà des invectives et se hasardent à une opération militaire. Le Nord est conscient de l'énorme supériorité militaire du Sud, notamment avec l'appui américain, et le Sud sait qu'une guerre ferait fuir les investisseurs.

La semaine dernière, une équipe internationale d'enquêteurs a conclu que le naufrage du "Cheonan" la nuit du 26 mars, qui a fait 46 morts parmi l'équipage, résultait du tir d'une torpille par un sous-marin nord-coréen.

Comme on s'y attendait, Lee a annoncé que le dossier serait porté devant le Conseil de sécurité dans l'espoir que des sanctions seraient appliquées contre le régime nord-coréen.

PÉNALITÉS COMMERCIALES

Il a en outre annoncé que les navires de commerce nord-coréens ne seraient désormais plus autorisés à transiter par les eaux du Sud, et que tout commerce entre les deux Corées était suspendu.

Il a toutefois souligné que les programmes d'aide à l'enfance nord-coréenne seraient maintenus. Il a également indiqué que la zone d'activité industrielle commune de Kaesong poursuivrait son activité, même si le nombre d'ouvriers sud-coréens qui y travaillent serait réduit.

Le ministre sud-coréen de la Défense a de plus fait savoir que les forces armées organiseraient, conjointement avec celles des Etats-Unis, des exercices de lutte anti-sous-marine.

La diffusion de messages hostiles au régime nord-coréen par de puissants haut-parleurs à la frontière, interrompue il y a six ans, va également reprendre, a annoncé Kim Tae-young.

La Corée du Nord a réagi à ces annonces en prévenant qu'elle ouvrirait le feu sur les installations du Sud si les haut-parleurs étaient remis en service, et assuré que des mesures plus sévères seraient entreprises en cas d'escalade de la part de Séoul.

En outre, un communiqué du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, publié quelques heures après le discours de Lee Myung-bak, est venu affirmer que Pyongyang avait le droit de développer sa force de dissuasion nucléaire.

Le régime communiste se dit contraint de développer un arsenal nucléaire pour dissuader la Corée du Sud et les Etats-Unis de l'envahir.

SOUTIEN JAPONAIS

Séoul peut s'attendre à recevoir à l'Onu l'appui des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, qui ont envoyé des enquêteurs après le naufrage du "Cheonan".

Le Japon, qui fait actuellement partie des membres non-permanents du Conseil de sécurité, lui a également apporté lundi son soutien.

"Je ne sais pas si nous prendrions l'initiative, mais je pense que nous soutiendrions fortement" la Corée du Sud si elle le faisait, a déclaré le secrétaire général du Cabinet japonais, Hirofumi Hirano.

Il sera plus délicat pour la Corée du Sud de gagner à sa cause la Chine, qui s'est contentée de déplorer la mort de marins sud-coréens et d'appeler à la retenue des deux côtés. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao doit s'entretenir cette semaine à Séoul avec Lee Myung-bak.

Selon des observateurs, Pékin veut à tout prix éviter l'effondrement du dernier régime stalinien de la planète, qui pourrait faire tache d'huile sur son propre territoire et qui entraînerait l'arrivée de troupes américaines à la frontière chinoise.

Avec Yoo Choonsik, Gregory Schwartz et Pascal Liétout pour le service français