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Coronavirus: l'activité manufacturière à son plus bas historique en Chine

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- - Noel Celis / AFP

C'est un premier signe de l'impact dévastateur du coronavirus sur la Chine: l'activité manufacturière s'est écroulée en février à son plus bas niveau jamais enregistré, alimentant les inquiétudes sur une déroute de l'économie mondiale.

L'annonce intervient au moment où l'épidémie a déjà atteint une cinquantaine de pays. La crainte d'une pandémie a déjà fait dévisser vendredi Wall Street à des niveaux jamais vus depuis la crise financière mondiale en 2008.

D'ores et déjà, les analystes s'accordent à dire que la croissance économique chinoise sera probablement très affectée au premier trimestre par l'effet coronavirus. Sur l'année 2019, elle était déjà de 6,1%, sa pire performance en près de 30 ans.

L'indice des directeurs d'achats (PMI) pour le mois de février en Chine s'est donc établi à 35,7 contre 50,0 en janvier, a annoncé samedi le Bureau national des statistiques. Un chiffre supérieur à 50 témoigne d'une expansion de l'activité. En deçà, il traduit une contraction. Cet indice est bien inférieur à la prévision moyenne des analystes sondés par l'agence Bloomberg, qui était de 45. Signe de l'ampleur de la chute: elle est encore plus marquée que celle enregistrée lors de la crise financière en 2008.

Ce mauvais résultat s'explique largement par les mesures drastiques prises par les autorités chinoises afin de contenir la propagation du Covid-19 dans le pays. A commencer par l'interdiction d'entrée ou de sortie de la province du Hubei, épicentre de l'épidémie mais aussi grand centre manufacturier, notamment automobile.

Par ailleurs, des quarantaines et des restrictions aux déplacements visent des millions de personnes en Chine. Des mesures qui limitent la consommation des ménages et rend surtout difficile le retour des ouvriers dans les usines, après les longues vacances du Nouvel an lunaire.

Autre élément: les transports étant fortement perturbés, les approvisionnements en pièces détachées et matières premières deviennent ardues, compliquant évidemment la production.

Les Bourses mondiales dévissent

Premier indicateur officiel à être publié pour le mois de février, le PMI donne un aperçu de l'ampleur de la tâche à accomplir avant d'espérer un retour à la normale de l'économie chinoise. Ce chiffre morose pourrait surtout provoquer de nouveaux remous sur les Bourses mondiales, qui ont déjà dévissé vendredi, les investisseurs s'affolant des conséquences économiques de l'épidémie.

Wall Street a clôturé sur ses plus lourdes pertes hebdomadaires depuis octobre 2008, au pic de la crise financière. Les grandes places asiatiques et européennes ont terminé entre -3% et -5%.

Selon le BNS, les secteurs de l'automobile et des équipements spécialisés ont été particulièrement touchés en février en Chine, mais l'impact est encore "plus grave" dans les services. "Il y a eu un plongeon de la demande dans les secteurs (...) impliquant des rassemblements de personnes, comme les transports, l'hôtellerie, la restauration, le tourisme", a-t-il indiqué dans un communiqué.

Les services reposent sur les interactions humaines. Or la plupart des Chinois sont restés chez eux en février par peur de contracter le coronavirus. Résultat: l'indice PMI non-manufacturier, également publié samedi, a plongé à 29,6, contre 54,1 en janvier.

Le BNS se veut toutefois optimiste: l'épidémie "semble commencer à être sous contrôle, et l'impact sur la production s'atténue progressivement", a-t-il estimé. Le nombre de nouveaux cas quotidiens de contaminations montrant une tendance à la baisse depuis une dizaine de jours, le gouvernement encourage désormais les entreprises à reprendre progressivement le travail.

Des mesures pour soutenir les PME

Pour catalyser cette reprise, il a annoncé cette semaine un vaste plan de soutien aux PME, en encourageant les banques à leur offrir des prêts préférentiels, et en octroyant des rabais de TVA.

Mais "les chances d'un rebond en forme de V sont faibles, car il est peu probable que le gouvernement lance un plan de relance massif", ont souligné dans une note Raymond Yeung et Zhaopeng Xing, analystes d'ANZ.

La banque a abaissé ses prévisions de croissance pour le premier trimestre à +2% sur un an, les derniers chiffres "nous confortant dans l'idée que la normalisation de l'activité économique devra encore attendre".

Sandrine Serais avec AFP