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Coup de pression à la tête du régime chinois

Xi Jinping, le président chinois

Xi Jinping, le président chinois - AFP

l'agence officielle Chine Nouvelle rend publique une réunion extrêmement tendue des hauts responsables du parti communiste chinois

C'est l'agence officielle Chine Nouvelle qui l'écrit : les hauts responsables du Parti communiste chinois ont dû faire leur autocritique lors d'une réunion présidée par le numéro un Xi Jinping "il a été demandé aux membres du Bureau politique de se livrer à des critiques et autocritiques à la lumière de leur travail et de leur mise en oeuvre des instructions de Xi (Jinping) et de la politique et des directives du Parti", a rapporté l'agence de presse officielle

Le compte rendu de la réunion ne précise pas sur quels points les membres du Bureau politique ont dû faire leur autocritique, mais ils semblent s'être écartés de la ligne imposée: "ils ont été appelés à étudier promptement les discours de Xi", selon Chine nouvelle. Ils vont devoir "se discipliner eux-mêmes, leur famille et leurs collaborateurs", a ajouté l'agence. Prenant la parole lors de la réunion, M. Xi a lui-même fait l'apologie du "centralisme démocratique", un des principes de base du léninisme, et appelé à l'unité au sein du Parti.

Un test de loyauté

Pour le sinologue Willy Lam, de l'Université chinoise de Hong Kong, cité par l'Afp, M. Xi a imposé ainsi "un test de loyauté" au sommet du régime, mais en admettant par là-même "l'existence de tensions dans les rangs". "C'est reconnaître ouvertement que certains n'ont pas fait preuve d'une loyauté totale", observe-t-il. 

Selon certains observateurs, c'est bien sa position vis-à-vis de Donald Trump qui serait contestée au sein même du régime. Reproche serait fait à Xi Jinping d'avoir sous estimé la détermination du président américain et de ne pas avoir anticipé les hausses de droits de douane qui pénalisent les régions exportatrices de l'est et du sud de la Chine, ainsi que des secteurs comme les industries de pointe.

Xi Jinping sous pression

Ce rappel à l'ordre trahit donc bien la pression qui pèse sur les épaules du dirigeant chinois. Il lui faut trouver un compromis avec les Etats-Unis, et Donald Trump avant la date butoir de début mars. Cette date coïncide de plus avec la session plénière annuelle du Parlement chinois, qui pourrait bien voir l'homme fort du régime sous le feu des critiques des représentants des régions et des secteurs les plus concernés par les tensions commerciales.

Autre signe de nervosité, la traditionnelle réunion d'automne du Comité central, "le parlement du parti", n'a pas eu lieu cette année. Et même la presse officielle a changé de ton. Xi Jinping est parvenu en mars dernier à faire entrer sa "Pensée" dans la constitution du pays et à abolir la limitation des mandats présidentiels. Il est considéré parfois comme le dirigeant le plus puissant que la Chine ait connu depuis l'ère de Mao Tsé-toung (1949-76). Mais faute d'avoir le prestige du fondateur de la République populaire, "il ne se sent pas en sécurité, et pour parler franchement, il révèle un manque de confiance en lui", note le politologue indépendant Hua Po, basé à Pékin. "Il a toujours peur que quelqu'un veuille se rebeller". Dans ce contexte, "centraliser encore davantage le système et exiger une obéissance totale à son pouvoir sont la seule manière de faire face aux défis intérieurs et extérieurs", résume-t-il dans un entretien à l'Afp

Alexandra PAGET