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Cours du pétrole : pourquoi l'attaque en Iran a plus d'impact que l'Opep

Le président iranien Hassan Rohani

Le président iranien Hassan Rohani - AFP

Le baril de Brent est passé bien au-dessus des 80 dollars. L’Opep et la Russie ont ignoré les pressions de Donald Trump. Mais il y a un autre facteur d’explication avancé : l’attentat qui a eu lieu samedi en Iran.

Samedi dans la matinée, à Ahvaz, dans une province du sud-ouest qui abrite les plus importantes réserves pétrolières du pays, un commando de quatre hommes ouvre le feu sur un défilé militaire et la foule des spectateurs. 25 personnes sont tuées.

Aussitôt, une stratège de marché en vue aux Etats-Unis a affirmé que cette attaque terroriste en Iran aurait plus d’importance que la rencontre de dimanche dernier entre les pays membres et non-membres de l’Opep, où a été décidé de ne pas modifier leur offre. Helima Croft, ancienne analyste à la CIA, est à la tête du département matières premières de RBC Capital Markets et siège, à Washington, au Conseil national du pétrole. Dans une note, elle estime que l’attentat va probablement « exacerber les antagonismes au Moyen-Orient ». Pour elle, « l’avertissement » du corps des gardiens de la Révolution islamique promettant une vengeance « inoubliable » accroît le risque que la guerre indirecte entre l’Iran et l’Arabie Saoudite ne devienne frontale.

Les intentions iraniennes

Le guide de la Révolution islamique, autorité suprême du pays, a quant à lui déclaré que les auteurs de l’attentat ont été financés par les Saoudiens et les Emiratis. Le commandant en second du corps des gardiens de la Révolution a indiqué, pour sa part, que l’attaque terroriste a « mis en lumière la face obscure » de l’alliance entre les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et Israël. En une de différents journaux conservateurs, il est fait serment que l’Iran fera « regretter » aux Etats-Unis ce qui s’est passé à Ahvaz.

Cette nuit, le ministre américain de la Défense a assuré que ces menaces ne l’inquiètent pas et qualifié de « ridicules » les accusations de Téhéran. Aujourd’hui, à la tribune des Nations unies, à l’occasion de son assemblée annuelle, le président des Etats-Unis va lancer, selon son chef de la diplomatie, un appel à rejoindre l’Amérique dans son combat contre « le torrent d’activités destructrices » de l’Iran.

Dans une rare déclaration écrite commune, d’anciens responsables de très haut rang d’administrations républicaines et démocrates mettent eux en garde Donald Trump avant ce discours à l’ONU : par votre politique de « sanctions unilatérales sans options diplomatiques viables », il y a le risque d’un conflit généralisé « destructeur et durable ». Pourtant, en marge de l’assemblée générale, la diplomatie américaine laisse filtrer une volonté d’organiser une rencontre avec le président Rohani.

Réponse attendue à New York

Le chef de l’Etat iranien s’exprimera à cette même tribune peu après son homologue américain. Hassan Rohani compte ensuite, demain, donner une conférence de presse sur place, après une réunion sans précédent du Conseil de sécurité présidée par Donald Trump, portant sur l’Iran. Un analyste politique d’un quotidien du courant modéré pense que le président Rohani peut même « consolider à New York une coalition anti-Trump ».

Donc, dans le contexte actuel, les Iraniens ne semblent pas disposés à accepter cette rencontre. Et cela, quelles que soient les sensibilités politiques à Téhéran : un chef de file du courant réformateur dit ainsi qu’il n’y a pas lieu de consentir ce geste avant les élections législatives de mi-mandat aux Etats-Unis en novembre… Aucune raison d’offrir à l’administration Trump un éventuel succès international avant cette échéance. L’Iran escompte que la Maison-Blanche perde d’abord sa majorité parlementaire. Ensuite, c’est à voir.

Benaouda ABDEDDAIM