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Crise dans le Golfe: dernières évolutions

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- - TASNIM NEWS / AFP

Les appels au calme se multiplient après les attaques de pétroliers survenues dans le Golfe. Donald Trump accuse l'Iran d'être à l'origine de ces agressions.

Le président américain a directement accusé l'Iran d'être à l'origine des attaques menées jeudi contre deux pétroliers norvégien et japonais en mer d'Oman. Téhéran nie toute implication, jugeant les accusations américaines sans fondement.

Deux pétroliers ont été la cible jeudi d'attaques d'origine indéterminée alors qu'ils naviguaient près du détroit d'Ormuz, un passage maritime stratégique à l'échelle mondiale. Des attaques qui interviennent un mois après le sabotage de quatre navires, dont trois pétroliers, au large des Emirats arabes unis. Washington avait alors déjà montré du doigt Téhéran.

Cette fois, « on voit le bateau, avec une mine qui n'a pas explosé et c'est signé » de l'Iran, a assuré le président américain sur Fox News, en s'appuyant sur une vidéo publiée par le Pentagone. Celle-ci semble montrer l'accostage d'un des tankers par une vedette rapide des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique du régime iranien, qui retire une « mine ventouse non explosée » de la coque du pétrolier. Donald Trump estime que les Gardiens « ne voulaient pas laisser de preuves derrière eux ».

Depuis, les appels au calme se multiplient de crainte d'un embrasement dans la région du Golfe. Si la Russie, allié de l'Iran, a condamné « sévèrement » les attaques, elle demande à Washington de ne pas « tirer des conclusions hâtives », plusieurs analystes estimant que les images vidéo étaient inexploitables.

L'ONU a de son côté réclamé une enquête indépendante pour trouver les auteurs de l'attaque. De son côté, la Chine appelle au « dialogue » tandis que l'Irak, proche à la fois de Téhéran et de Washington, prône « l'apaisement ». La Ligue arabe a pour sa part mis en garde contre « une confrontation qui ne laissera personne en sécurité ».

Les alliés de Washington dans la région ont également condamné les attaques. L'Arabie saoudite fait part de sa « grande inquiétude » et les Emirats dénonce une « dangereuse escalade ». Londres, autre ennemi historique de la République islamique, a également estimé que l'Iran était « presque certainement » responsable de l'attaque qui s'est produite au large de ses côtes.

L'Iran accuse Washington de « sabotage diplomatique »

L'Iran dément toute implication. Le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif a accusé sur Twitter les Etats-Unis « de sabotage diplomatique et de maquillage de son #TerrorismeEconomique contre l'Iran ». Le président iranien Hassan Rohani accuse Washington « de représenter une grave menace à la stabilité dans la région et dans le monde, en violant toutes les règles internationales ».

Ces tensions interviennent alors que la situation est déjà explosive entre Téhéran et l'administration de Donald Trump. Cette dernière a claqué la porte il y a près d'un an de l'accord international sur le nucléaire iranien et a rétabli les sanctions économiques et diplomatiques contre Téhéran. Les Etats-Unis ont également envoyé début mai des renforts militaires au Moyen-Orient, accusant l'Iran de préparer des attaques « imminentes » contre des intérêts américains.

Washington accuse Téhéran de chercher à perturber l'approvisionnement du marché mondial en bloquant le détroit d'Ormuz par lequel passe 30% du pétrole transporté par voie maritime, une menace déjà évoquée par le passé par l'Iran.

Une situation qui inquiète les transporteurs maritimes: « Si ces eaux devenaient dangereuses, l'approvisionnement de l'ensemble du monde occidental pourrait être menacé », estime Paolo d'Amico, le président d'Intertanko, une association de pétroliers dont font partie les deux propriétaires des navires touchés jeudi.

Conséquence de cette inquiétude, les cours du pétrole ont terminé en hausse ce vendredi. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août s'est apprécié de 70 cents pour terminer à 62,01 dollars. A New York, le baril de WTI pour le contrat de juillet a grimpé de 23 cents pour finir à 52,51 dollars.

Sandrine Serais