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Crise ukrainienne: la Russie va-t-elle couper le gaz?

Gazprom, la toute puissante compagnie nationale du gaz russe, pourrait renégocier les tarifs des contrats courts.

Gazprom, la toute puissante compagnie nationale du gaz russe, pourrait renégocier les tarifs des contrats courts. - -

Les relations russo-occidentales sont mises sous tension par la crise politique en Ukraine. S'il n'est pas dans l'intérêt de la Russie de couper le robinet du gaz, elle pourrait néanmoins faire du chantage à l'énergie.

Alors que la Russie met la pression sur l'Ukraine, les pays occidentaux mettent en garde Vladimir Poutine. La chancelière allemande, Angela Merkel, a convaincu, dimanche 2 mars, le président russe de créer un groupe de contact en vue d'installer un dialogue politique sur l'Ukraine.

Du point de vue économique, les marchés, en particulier à Francfort et à Moscou, sont fortement déstabilisés par cette crise. Faut-il craindre que Moscou cesse ou limite ses exportations d'énergie et de matières premières?

Les contrats courts dans le viseur

C'est une arme à double tranchant. L'Europe reste le débouché naturel de la Russie. Dans l'hypothèse où elle se priverait de son premier client, à qui revendrait-elle 85% du pétrole qu'elle exporte? A qui revendrait-elle une grande partie de son gaz? Comment rentabiliserait-elle les infrastructures mis en place pour acheminer ses ressources de l'Est vers l'Ouest?

Difficile pour Vladimir Poutine de se passer d'un client aussi indispensable. Le président russe pourrait sans fermer le robinet du gaz jouer sur son prix.

Il y a aujourd'hui deux types de contrats entre la Russie et l'Europe. Les contrats longs, à priori protégés, permettent aux deux parties de garantir des prix et des commandes. Les contrats courts, eux, bénéficient de tarifs préférentiels liés à la relation diplomatique en cours.

Sur ces derniers, le chef de l'exécutif russe pourrait très bien arrêter les "prix d'amis". Un scénario jugé crédible par plusieurs spécialistes de la Russie.

Mathieu Jolivet