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Croissance allemande : l'essoufflement logique

Le moral des investisseurs allemands plonge à -21,1 points au mois de juin.

Le moral des investisseurs allemands plonge à -21,1 points au mois de juin. - Wolfgang Kumm / dpa / AFP

L'essoufflement de la croissance allemande n'a rien de surprenant. Cela résulte d'un effet de cycle.

Cela a fait l’effet d’une douche froide : la presse allemande a annoncé, cette semaine, que le gouvernement de Berlin tablait sur une croissance de 1% en 2019, alors qu’il y a trois mois, il anticipait un taux de 1,8%. Comme lors de chaque essoufflement de la croissance, les esprits avisés multiplient les explications pour expliquer cette mauvaise conjoncture, avec à la clé la référence combinée à certains « usual suspects » comme « la finance » et à des événements plus ou moins exceptionnels, les foucades de Donald Trump et le Brexit faisant en la matière particulièrement recette ces derniers temps.

Pourtant, il n’y a rien de surprenant à ce chiffre allemand qui vient après une croissance de 2,2% en 2017 et 1,5% en 2018. Le cycle fait son effet et le retournement conjoncturel, 10 ans après la récession de 2009, est assez naturellement au rendez-vous de la réalité européenne et donc allemande, indépendamment des lubies du président des Etats-Unis ou des parlementaires britanniques. Pour s’en convaincre, il suffit de se reporter à la série tenue par l’OCDE des valeurs prises par ce que les statisticiens du château de la Muette appellent « l’indicateur composite avancé » (ou plus exactement le « CLI », pour « Composite Leading Indicator »).

Calculé à partir de données conjoncturelles précises comme le taux d’investissement des entreprises ou l’évolution de l’emploi, cet indicateur permet d’identifier la position de chaque économie dans son cycle et d’anticiper les accélérations ou les ralentissements à venir de la croissance. Chaque fois qu’il s’oriente à la baisse et descend en dessous de 100, le cycle se retourne et la croissance se dérobe. Pour l’Allemagne, il a atteint son maximum en décembre 2017, permettant d’anticiper un premier semestre 2018 encore porteur. Depuis, il ne cesse de reculer. Connu fin 2018, le CLI d’octobre était en dessous de 100.

Chose inquiétante mais incontournable, le CLI de la zone euro a franchi à la baisse le seuil des 100 en août 2018 et celui de l’OCDE en juillet. Point donc n’est besoin de multiplier les expertises psychologiques de Donald Trump ou les analyses se voulant subtiles de la légendaire duplicité anglaise : la dynamique du cycle est à l’œuvre et nul n’y échappera, pas même la vertueuse Allemagne. La question est donc ailleurs. Elle est de voir comment chaque pays a remis de l’ordre dans sa politique budgétaire afin de pouvoir affronter efficacement le nouveau ralentissement conjoncturel.