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Croissance mondiale : Les dirigeants d'entreprises très pessimistes

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Présentée ce lundi à l’occasion de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, la 22e édition du baromètre annuel mondial « Global CEO Survey » de PwC donne des pistes sur le climat général des affaires en 2019. Et le pessimisme gagne.

Menée auprès de plus de 1 300 dirigeants d’entreprise dans le monde et présenté ce lundi à l’occasion de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, la 22e édition du baromètre annuel mondial « Global CEO Survey » de PwC donne des pistes sur le climat général des affaires en 2019.

Après une envolée historique de l’optimisme l’an passé, les chefs d’entreprise se déclarent pessimistes quant à la croissance économique mondiale. L’heure est au repli sur soi. Les conflits commerciaux, les incertitudes politiques préoccupent les dirigeants. Ces derniers doivent également relever le défi de la pénurie des talents dans un contexte technologique marqué par l’intelligence artificielle et la donnée.

Des perspectives de croissance mondiale en berne partout

Près de 30% des dirigeants d’entreprise estiment que la croissance économique mondiale devrait décliner au cours des 12 prochains mois, soit environ six fois plus que l’an dernier (5%). Ce résultat contraste fortement avec le bond en avant record de l'optimisme de l’an dernier (de 29% à 57%) envers les perspectives de croissance de l’économie mondiale. 42% des répondants tablent sur des perspectives de croissance positives, ce chiffre étant très inférieur à son niveau record de 2018 (57%).

Ce pessimisme se retrouve partout dans le monde. L’évolution la plus marquée s'inscrit parmi les dirigeants en Amérique du Nord, où l’optimisme est passé de 63% en 2018 à 37%. Cette tendance sans doute liée la fin progressive des mesures d’incitation fiscales et de l’émergence de tensions commerciales. Le Moyen-Orient n'est lui aussi pas épargné par ce recul de l'optimisme (52% à 28%), reflet des incertitudes économiques locales croissantes. En Europe, 33% des dirigeants se montrent pessimistes contre 4% l’an passé.

L’analyse menée par PwC sur les réponses des dirigeants à notre enquête au cours des dix dernières années montre que leur confiance envers les perspectives de croissance du chiffre d’affaires de leur propre entreprise est fortement corrélée statistiquement avec la hausse réelle du PIB mondial durant l’année suivante. Ainsi, la confiance des dirigeants dans leur propre croissance est un indicateur majeur de la croissance économique mondiale.

Ils sont seulement 35% à se dire « très confiants » dans leurs propres perspectives de croissance pour les 12 prochains mois, contre 42% l’an dernier.

Cette vague de morosité affecte également les plans de croissance au-delà des frontières. Les États-Unis conservent de justesse leur place de leader pour la croissance, à 27%, soit une baisse significative par rapport à 2018 (46%). La Chine, deuxième marché le plus attractif voit elle aussi sa popularité chuter (de 33% en 2018 à 24%). Dans un contexte européen incertain marqué par le Brexit, l’Allemagne passe de 20% à 13% et le Royaume-Uni de 15% à 8% en terme d’attractivité. Seule l’Inde (de 9% à 8%) semble tirer son épingle du jeu cette année : elle dépasse désormais la Chine en tant que championne de la croissance parmi les grandes économies.

La France, quant à elle, conserve la 7ème position du classement, acquise l’an dernier.

Des menaces conjoncturelles et non existentielles

En dehors de l’excès de réglementation qui reste la menace numéro 1 pour les dirigeants au niveau mondial (35%), les préoccupations des dirigeants ont évolué par rapport à l’an dernier. Les dirigeants cherchent à surmonter la vague de populisme qui déferle sur les marchés où ils sont présents.

Ainsi, l’incertitude politique arrive en deuxième position (35%) juste devant la pénurie de talents (34%). Les conflits commerciaux, les incertitudes politiques et le protectionnisme ont supplanté le terrorisme, le changement climatique et la hausse de la pression fiscale qui figuraient parmi les dix principales menaces identifiées dans la précédente édition du baromètre.

Parmi les dirigeants « extrêmement préoccupés » par les conflits commerciaux, 88% se disent plus particulièrement inquiets des tensions entre la Chine et les États-Unis. C’est le cas de 98 % des dirigeants américains et de 90 % de leurs homologues chinois.

Les excès de réglementation (33%), le populisme et l’incertitude politique (30%) sont les trois menaces prégnantes pour les dirigeants européens.

Par ailleurs, l’enquête de cette année s’est penchée de façon approfondie sur l’intelligence artificielle (IA) et l’analyse des données. Ces deux domaines sont suivis de près par les dirigeants, qui espèrent en tirer des enseignements sur les défis à relever et les opportunités à saisir. Une grande majorité (85%) des dirigeants considèrent que l’IA va radicalement transformer leur activité au cours des cinq prochaines années. Près des deux tiers estiment même que son impact sera plus grand encore que celui d’Internet.

Malgré l’engouement suscité par l’IA, 23% des dirigeants n’ont « actuellement aucun projet » dans ce domaine et seuls 35% ont des « projets en perspective » au cours des trois prochaines années. Un tiers (33%) dit avoir adopté une « approche très limitée ». Moins d’un dirigeant sur dix a mis en oeuvre l’intelligence artificielle à grande échelle.

S’agissant de l’impact de l’IA sur l’emploi, 88% des dirigeants chinois estiment qu’elle remplacera plus de postes qu’elle n’en créera. Leurs homologues du reste de la zone Asie-Pacifique partagent cette vision à 60%, contre 49% au niveau mondial. Les dirigeants

Enfin, s’agissant de l’analyse des données, les dirigeants sont toujours confrontés à l’insuffisance de leurs propres capacités dans ce domaine, d’où une importante pénurie d'information qui reste à pallier dix ans plus tard. Malgré des milliards d’investissements dans les infrastructures informatiques sur cette période, les dirigeants continuent d’affirmer ne pas recevoir les données exhaustives dont ils auraient besoin afin de faire des choix cruciaux pour la réussite à long terme et la durabilité de leur entreprise. Les principales raisons pointées sont la « pénurie de talents pour l’analyse » (54%), les « silos de data » (51%) et la « faible fiabilité » de ces données (50%).