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Cuba s'ouvre au capitalisme… en journal! 

A Cuba, jusqu'à il y a peu, le seul moyen de trouver un nouveau logement était d'échanger sa maison avec un autre.

A Cuba, jusqu'à il y a peu, le seul moyen de trouver un nouveau logement était d'échanger sa maison avec un autre. - ADALBERTO ROQUE - AFP

Deux journaux économiques viennent de faire leur apparition sur l'île, dont un de petites annonces. Inimaginable dans un pays où il était encore interdit de vendre sa voiture ou sa maison il y a peu.

Cuba se convertit très légèrement au capitalisme avec deux revues dédiées à l'économie. Un journal mêlant conseils en économie et petites annonces, et un autre dédié à l'immobilier ont été dévoilés cette semaine à Cuba. Une illustration de sa timide ouverture au marché alors que débute vendredi le Sommet des Amériques, qui doit consacrer son rapprochement avec les Etats-Unis.

Dans Ofertas, une revue mensuelle mise à jour quotidiennement sur le web, "le lecteur trouvera des conseils, orientations et suggestions utiles pour lancer des activités économiques sur l'île", explique Edda Diz Garcés, directrice de l'Agence d'information nationale (AIN, publique), qui en a présenté mercredi le numéro zéro.

OnCuba Real Estate, journal numérique, aura lui pour mission d'"informer et illustrer la réalité actuelle et le développement du marché de biens" immobiliers à Cuba, a indiqué, dans une présentation envoyée à l'AFP, l'homme d'affaires cubano-américain Hugo Cancio, qui édite déjà OnCuba Magazine et Art OnCuba.

Les investisseurs étrangers encore frileux

Ce genre de publications aurait été impensable il y a seulement quelques années sur l'île communiste. Elles sont annoncées alors que, pour la première fois depuis la Révolution cubaine de 1959, des présidents américain et cubain vont se trouver face à face lors d'un Sommet régional vendredi et samedi au Panama, consacrant le rapprochement des deux ennemis historiques.

Alors que l'économie cubaine est moribonde, La Havane espère une levée de l'embargo américain, imposé depuis 1962, pour lui apporter un nouveau bol d'air. Ces dernières années, le régime communiste du président Raul Castro a lancé une série de réformes pour stimuler le petit commerce privé, qui concerne aujourd'hui un demi-million de Cubains. Il a aussi autorisé depuis 2011 l'achat et la vente d'automobiles et de logements.

Le gouvernement a également adopté cette année une nouvelle loi sur les investissements étrangers. Mais la faiblesse des infrastructures, de l'industrie et le poids de la bureaucratie locale semblent refroidir pour l'heure les candidats à l'injection de capitaux. La structure économique cubaine reste ainsi étatisée à 90%.

La publicité revient dans les médias

Ofertas s'est fixé pour objectif de "promouvoir des produits et services d'entités publiques et privées", explique Edda Diz Garcés. Avec la moitié de ses pages consacrée aux petites annonces d'achats et ventes de biens et d'offres de services, l'édition papier de cette revue de 16 pages en couleurs sera tirée à 60.000 exemplaires et vendue à partir de mai au prix de 3 pesos cubains (15 centimes de dollars).

Elle occupera la place laissée vide par Opina, le journal d'Etat de petites annonces qui permettait d'échanger des maisons (l'unique possibilité, à l'époque, de trouver un nouveau logement) et présentait les offres de services publics. Ce dernier avait disparu durant la crise économique des années 1990.

Grande nouveauté de Ofertas: la présence de publicités, totalement absentes des médias cubains depuis un demi-siècle. Un marché encore balbutiant, relancé il y a deux ans avec le service d'annuaire téléphonique de La Havane.

Un accès limité à internet

Elle aura comme concurrents deux médias numériques: www.revolico.com et www.porlalivre.com, portails privés de petites annonces, très populaires sur l'île malgré l'accès limité à internet. L'avantage, pour Ofertas, sera d'avoir un nom de domaine en .cu, beaucoup plus accessible pour les Cubains car faisant partie de l'intranet, un service plus répandu et moins coûteux que l'internet commun.

Quant à OnCuba Real Estate, il s'agira de la première revue dédiée exclusivement aux biens immobiliers situés à Cuba. Tout comme OnCuba Magazine, journal d'information générale lancé en mars 2012 en anglais et espagnol, et Art OnCuba, publié depuis 2013, OnCuba Real Estate vise les publics américain et canadien.

"Nous espérons que les Etats-Unis seront un acteur essentiel sur le marché immobilier cubain présent et à l'avenir", assure Hugo Cancio, dont la maison d'édition, Fuego Enterprise, a son siège à Miami et des bureaux à La Havane.

N.G. avec AFP