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D'où vient le sacro-saint chiffre de 3% de déficit?

La règle des 3% remontent aux années 80

La règle des 3% remontent aux années 80 - Mark Langsdon - Reuters

Le déficit de l'Union européenne est globalement repassé sous les 3% du PIB en 2014, selon les chiffres d'Eurostat publié mardi 21 avril. Ce seuil a été fixé au moment de la négociation pour le traité de Maastricht afin d'arriver à une croissance de 3%, selon notre éditorialiste Jean-Marc Daniel.

L'Union européenne rentre dans les clous. Le déficit budgétaire de l'Union est en effet repassé sous la sacro-sainte limite des 3% du PIB, selon les données publiées par Eurostat mardi 21 avril.

En 2014, ses 28 membres ont ainsi affiché un chiffre de -2,9% du PIB contre -3,2% l'année précédente. Au niveau de la zone euro, les comptes sont encore mieux tenus, avec un déficit public de -2,4% soit 0,5% de mieux qu'en 2013. Evidemment ces bons chiffres cachent d'importantes disparités.

12 pays au-dessus des 3%

L'Allemagne et son excédent budgétaire (+0,7% du PIB) tirent l'ensemble du Vieux Continent vers le haut, aux côtés d'autres pays économiquement moins importants, tels que le Danemark (+1,2% d'excédent budgétaire) ou le Luxembourg (+0,6%).

A l'inverse, plus nombreux sont les pays qui dépassent la règle des 3%. On en dénombre pas moins de 12 au sein de l'UE (9 dans la zone euro) avec évidemment la France dont le déficit pour 2014 est estimé à 4% par Eurostat.

Ce qui pose la question des 3%. Pourquoi cette règle? Ce mardi 21 avril, l'économiste et éditorialiste de BFM Business Jean-Marc Daniel a apporté plusieurs éléments de réponse.

A l'origine, les 3% de déficit public sont l'invention de l'économiste Guy Abeille, chargé de mission au ministère des Finances sous Giscard d'Estaing puis Mitterrand. La légende veut d'ailleurs que la règle des 3% soit née sur une coin de table, validée un soir de 1981 par l'ancien président socialiste. A l'époque, le président réclamait une règle de bonne conduite, un chiffre à donner pour refroidir l'ardeur de ses ministres.

"C'était un soir de mai 1981. Pierre Bilger, le directeur du Budget de l'époque, nous a convoqués avec Roland de Villepin (le cousin de Dominique de Villepin, ndlr). Il nous a dit:'Mitterrand veut qu'on lui fournisse rapidement une règle facile, qui sonne économiste et puisse être opposée aux ministres qui défilaient dans son bureau pour lui réclamer de l'argent", expliquait Guy Abeille au Parisien en 2012.

"Quand on regarde dans l'histoire il était dans la hiérarchie à un point où jamais il n'aurait pu être en contact avec François Mitterrand"', nuance toutefois Jean-Marc Daniel.

François Mitterrand, dans une émission télévisée de septembre 1983, expliquera ensuite avoir donné "fermement comme instruction au Premier ministre et au ministre de l'Economie et des Finances", de limiter le déficit à 3% du PIB.

3% de croissance visée

Comment ces 3% sont devenus une règle européenne? "Au moment de la négociation du traité de Maastricht, les Allemands veulent l'équilibre budgétaire. Jacques Delors, alors président de la Commission européenne dit 'on peut être rigoureux sans avoir l'équilibre budgétaire au sens strict, nous ( les Français, ndlr) au moment où nous avons fait la rigueur nous avons retenu un plafond de 3%, le président Mitterrand considérant que 3% c'est une gestion assez saine des finances publiques'", développe Jean-Marc Daniel.

Par ailleurs, ce chiffre de 3% n'est pas qu'une donnée prise au hasard. "Si l'on effectue un ensemble de calculs on s'aperçoit qu'avec 3% de déficit et 60% d'endettement il y a en correspondance une croissance de 5% en valeur, 3% en volume auquel s'ajoute 2% d'inflation. Les Européens ont décidé de se fixer un objectif d'inflation de 2%. De plus, au sommet européenne de Lisbonne de mars, ils ont également défini un objectif de 3% de croissance", indique l'économiste.

J.M.