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Déficit italien : Bruxelles demande des « clarifications » à Rome

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- - Philippe Huguen - AFP

La Commission européenne a envoyé une lettre officielle, ce mercredi, qui nécessitera une réponse « avant ce weekend ». Faute de quoi une procédure de sanction pourrait être ouverte contre l’Italie.

Une fois de plus, Bruxelles laisse une porte de sortie au gouvernement populiste italien. Alors que le vice-président du conseil Matteo Salvini a confirmé, mardi, le risque d’une amende de 3 milliards par la Commission européenne, l’institution de Bruxelles a décidé de laisser une dernière chance à Rome.

Ce mercredi, la Commission a donc envoyé une lettre officielle pour obtenir des « clarifications sur l'évolution de sa dette et de son déficit structurel ». Un courrier qui nécessitera une réponse « avant ce weekend », précise une source à l’AFP.

Concrètement, la date du 5 juin sera déterminante. C’est ce jour-là que la Commission européenne fera son bilan de la situation économique des Etats-membres. Sans réelle avancée de la part de l’Italie, il y a fort à parier qu’elle demandera l’ouverture d’une procédure de sanction contre le pays pour déficit excessif. Si celle-ci était validée par les ministres des Finances de l'UE, elle pourrait aboutir à des sanctions financières à hauteur de 0,2% du PIB italien, soit environ 3 milliards d’euros.

La dette explose

« Au moment où le chômage des jeunes atteint 50% dans certaines régions (...), quelqu'un à Bruxelles nous demande, au nom des règles du passé, une amende de trois milliards d'euros » s’est plaint Matteo Salvini, ce mardi, à la radio. « Nous allons voir si cette petite lettre de Bruxelles dans laquelle ils nous sanctionnent pour la dette accumulée par le passé arrivera » a-t-il ajouté, provoquant. Et de préciser : « Toute mon énergie sera utilisée pour changer ces vieilles règles. »

Il faut dire que l’homme est sorti renforcé des élections européennes où son parti, la Ligue, a largement remporté le scrutin. De quoi lui redonner l’énergie d’un nouveau bras de fer avec Bruxelles, quelques mois seulement après avoir apaisé des tensions similaires. En décembre dernier, la coalition au pouvoir avait, en effet, accepté d’assouplir ses positions sur son budget, revoyant ses prévisions de déficit à la baisse.

Problème : l’économie italienne inquiète. La croissance est atone et ne permettra pas de réduire sa dette gigantesque (132,2% du PIB en 2018, bien au-delà du seuil de 60% fixé par les règles européennes).

A noter que Bruxelles devrait également envoyer mercredi des lettres à la Belgique, à Chypre, ainsi qu'à la France, dont le déficit devrait légèrement dépasser en 2019 le seuil des 3% du PIB. Un dépassement toléré s’il n’est que temporaire…