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Déficit: le délai accordé à la France divise à Bruxelles

La France a (encore) obtenu un délai pour ramener son déficit sous les 3% du PIB. Une souplesse qui gêne certains à Bruxelles.

La France a (encore) obtenu un délai pour ramener son déficit sous les 3% du PIB. Une souplesse qui gêne certains à Bruxelles. - Philippe Wojazer - Reuters

Les ministres des Finances européens ont validé ce 10 mars l'octroi par la Commission européenne à la France d'un énième délai pour réduire son déficit. Mais les discussions ont été houleuses à Bruxelles.

La France bénéficiera bien de deux années supplémentaires pour faire passer son déficit sous les 3% du PIB. Après que la Commission européenne s'est prononcée pour ce délai, les ministres des Finances de l'Union européenne, réunis à Bruxelles ce mardi, ont validé cette décision. Paris a donc jusqu'en 2017 pour respecter la norme européenne.

C'est la troisième fois depuis 2009 que la deuxième puissance économique de la zone euro obtient un sursis. Dans ses préconisations, rendues publiques le 25 février, la Commission européenne avait proposé de repousser la date butoir de 2015 à 2017 en exigeant du gouvernement français davantage d'efforts de réduction du déficit public du pays.

Ce nouveau report n'est pas allé de soi, suscitant quelques grincements de dents parmi les partenaires européens de la France et jusque dans les rangs de la Commission. La Lettonie, la Pologne, et le Danemark voulaient ainsi sanctionner Paris, a rapporté la presse. Mario Draghi, le président de la Banque centrale lui-même, aurait fait savoir à l'Eurogroupe, lundi, qu'il jugeait trop souple l'attitude envers la France et l'Italie.

Mario Draghi agacé, Michel Sapin comprend

"On comprend l'agacement de Mario Draghi, qui constate que presque tous les pays européens se conforment à la règle des 3% excepté un très mauvais élève parmi les grands pays", souligne Jean-Charles Simon, économiste et fondateur de FactaMedia, dans Good Morning Business.

Or donner du temps à la France "c'est un signe de laxisme qui tombe mal. L'indice de confiance des investisseurs dans la zone euro, paru lundi, est à son plus haut niveau depuis août 2007. Donc le président de la BCE se dit sans doute qu'il est en train de réussir son opération pour redonner confiance aux marchés et faire baisser l'euro. Tous les ingrédients sont réunis. Mais il faut désormais que les Etats jouent le jeu, budgétairement, de la reprise" décrypte l'analyste.

Michel Sapin, le ministre français des Finances, a dit comprendre l'énervement de certains responsables européens, mais a expliqué qu'une réduction plus rapide du déficit aurait eu des conséquences graves pour toute la zone euro. 

N.G.