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L'Argentine fait appel à des drones pour lutter contre la fraude fiscale

L'Argentine est le premier exportateur mondial de soja transformé, et les exportations sont lourdement taxées.

L'Argentine est le premier exportateur mondial de soja transformé, et les exportations sont lourdement taxées. - Juan Mabromata - AFP

En Argentine, l'administration fiscale s'est dotée de drones pour traquer ceux qui essaient d'échapper au fisc. Ils survolent champs et habitations pour traquer les exploitations et constructions non déclarées.

Vous connaissiez les drones livreurs, les drones tueurs, les drones secouristes, voici le drone agent des impôts. En Argentine, ces appareils volants téléguidés sont utilisés pour lutter contre la fraude fiscale. Ils survolent les résidences pour détecter des constructions ou exploitations non déclarés.

Le système s'appelle Mesi, comme la légende du football ressortissant du pays, mais avec un seul "S". Le drone mesure un mètre et demi de long, ne pèse même pas un kilo (650 grammes) et coûte 40.000 dollars. Un prix rentabilisé: depuis son lancement en février, il a prouvé sa redoutable efficacité.

Sur 60.000 mètres carrés, 52.000 construits illégalement

Grâce à son appareil photo intégré, il peut survoler notamment les "country", ces grands quartiers privés hautement sécurisés qui fleurissent autour de Buenos Aires. La capitale argentine regorge de maisons construites illégalement dans les "villas", les bidonvilles de l'agglomération-capitale. Mais c'est vers les beaux quartiers, peuplés d'Argentins fortunés, que les agents du fisc orientent leurs drones.

Le drone survole de manière circulaire l'urbanisation, avant de se figer au-dessus de l'objectif, suivant le plan de vol préalablement programmé. "Il opère de manière autonome. Il prend des milliers de photos et il revient tout seul", explique Ivan Budassi, directeur de l'administration fiscale de la province de Buenos Aires.

La mission est un succès: l'inspection du "country" comptant 60.000 mètres carrés de constructions, protégé par de hauts murs et une entreprise de sécurité privée, a mis en évidence que 52.000 m2 ont été construits illégalement et figurent sur les registres cadastraux comme des terrains non bâtis.

Le Mesi capable d'identifier les cultures

"Pour l'instant, il n'a jamais été attaqué", répond l'opérateur de l'engin, Miguel Angel Tous, interrogé sur d'éventuels coups de fusil contre le drone.

Le drone traque aussi les grands propriétaires terriens qui omettent de déclarer leur récolte, en particulier de soja, dont l'Argentine est le premier exportateur mondial en version transformée. Or comme les ventes à l'étranger sont lourdement taxées, les fraudes sont fréquentes.

"Le Mesi mesure un champ avant et après la récolte. Nous calculons l'imposition selon ces données", précise le directeur de l'administration fiscale, ajoutant que le système permet aussi d'identifier le type de cultures.

La province de Buenos Aires, de la taille de l'Allemagne, compte avec l'Ukraine les plaines fertiles les plus importantes du monde. Depuis février, dans la pampa ou dans les faubourgs de Buenos Aires, "nous avons comptabilisé 120.000 fraudeurs", dit Ivan Budassi, fier d'avoir misé sur cette technologie qui a permis de capter des millions de dollars supplémentaires de revenus fiscaux.

N.G. avec AFP