BFM Business
International

Dette de l'Argentine: le président intraitable, "échec" selon des créanciers

Le président argentin se montre intransigeant sur la négociation de la dette

Le président argentin se montre intransigeant sur la négociation de la dette - AFP

En défaut de paiement depuis le 22 mai dernier, l'Argentine négocie actuellement la restructuration de sa dette publique. Mais l'intransigeance du président Alberto Fernandez plonge pour l'instant celles-ci dans une impasse.

Le président argentin Alberto Fernandez a dit mercredi vouloir rester intraitable dans ses négociations pour restructurer la dette publique, que des créanciers ont qualifiées d'"échec".

L'Argentine a retardé la présentation aux créanciers d'une nouvelle offre pour revoir les conditions du remboursement de cette dette de 66 milliards de dollars.

"Nous allons payer autant que possible, pas un millimètre de plus", a dit le chef de l'Etat à la télévision locale. "Sur ce point, je suis inflexible, parce que je sais comment sont les finances du monde. Ils ne peuvent pas exiger de l'Argentine ce que le monde n'exige pas".

"Nous travaillons pour essayer de rapprocher les positions. S'ils ne veulent pas les rapprocher, cela ne dépend plus de moi", a ajouté le président.

Un groupe de créanciers a dit ne pas voir de possibilité de trouver un compromis.

"Etant donné l'échec des négociations, notre groupe est en train d'examiner les droits et recours juridiques à sa disposition en notre qualité de représentants des millions d'épargnants auxquels nous fournissons nos services dans le monde entier", a déclaré dans un communiqué l'Ad Hoc Argentine Bondholder Group. Ce groupe a déploré le rejet d'une "solution viable et sensée".

Initialement, le gouvernement argentin de centre-gauche espérait conclure un accord cette semaine.

Une source gouvernementale a expliqué à l'AFP que des divergences avec certains détenteurs d'obligations empêchaient la présentation d'une offre argentine, alors qu'il ne reste que deux jours avant l'expiration du délai fixé par l'exécutif.

"Il est très peu probable qu'[un accord] soit conclu avant vendredi [...] L'écart avec certains créanciers est toujours impossible à combler", a déclaré cette source qui a requis l'anonymat.

BlackRock intransigeant

Le ministère argentin de l'Économie a publié une nouvelle proposition préliminaire aux détenteurs d'obligations, précisant qu'il ne s'agissait pas encore d'une offre formelle. Elle réduit le délai de grâce d'une année supplémentaire (faisant commencer à payer en 2021), et la décote sur le capital, et rapproche dans le temps les échéances des obligations.

Les créanciers "ont répondu aux informations fournies par l'Argentine en proposant des ajustements [...] auxquels l'Argentine ne peut raisonnablement s'engager, et dont certains sont largement incompatibles avec le cadre de viabilité de la dette dont a besoin la République pour rétablir la stabilité macroéconomique et mener à bien un programme avec le FMI", indique le ministère.

Ce pays d'Amérique du Sud, l'un des principaux exportateurs de produits alimentaires au monde, est en récession depuis 2018 et on estime que son économie souffrira encore plus cette année en raison de la pandémie du nouveau coronavirus, avec une baisse estimée de 6,5% de son PIB.

Le fonds BlackRock, l'un des principaux détenteurs de la dette argentine, est considéré comme le plus intransigeant.

"Il existe de nombreux groupes de détenteurs d'obligations qui commencent à indiquer que BlackRock est plus désireux de porter le litige (devant la justice de New York) plutôt que d'accepter" un accord, a déclaré une source officielle.

Soutien du FMI

L'Argentine est en défaut de paiement depuis le 22 mai, date à laquelle était dû le paiement d'intérêts de 500 millions de dollars sur trois des obligations faisant l'objet des discussions. Malgré le défaut, les négociations ont continué.

Selon des sources proches des négociations, la nouvelle offre gouvernementale entendait inclure des coupons liés aux exportations agricoles, plus importante ressource du pays. 

Initialement, l'Argentine avait émis l'idée de coupons indexés sur la croissance du produit intérieur brut (PIB), mais cela ne semble pas avoir convaincu les créanciers. 

"Il n'y a pas eu un grand appétit de la part de la majorité des créanciers pour cet instrument, qui n'a pas été inclus dans la proposition", a indiqué le ministre de l'économie argentin Martín Guzmán.

Les discussions concernent des obligations datant de 2005 et 2010, produits d'une restructuration précédente, ainsi que de nouveaux titres émis à partir de 2016. La première offre rejetée en mai prévoyait un délai de grâce de trois ans et une réduction de 62% des intérêts et de 5,4% du capital.

Le président argentin, qui bénéficie du soutien du Fonds monétaire international, insiste depuis le début des discussions sur la nécessité d'obtenir un accord viable, soulignant que son pays n'a que peu de marge de manœuvre pour améliorer sa proposition.