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Dette italienne : Bruxelles serre de nouveau la vis

Pierre Moscovici estime qu’une « procédure de déficit excessif fondée sur la dette » à l'encontre de l'Italie est « justifiée ».

Pierre Moscovici estime qu’une « procédure de déficit excessif fondée sur la dette » à l'encontre de l'Italie est « justifiée ». - AFP

La Commission européenne a préconisé ce mercredi d'ouvrir une procédure pour déficit excessif à l’encontre de l'Italie compte tenu de la dette colossale que supporte le pays.

Ce n’est pas tout de souhaiter sanctionner l’Italie pour la dette particulièrement conséquente qu’elle supporte et qui se trouve aujourd’hui largement en dehors des clous fixés par l’Europe… Encore faut-il véritablement pouvoir mettre en place la sanction envisagée.

Ce mercredi 5 juin, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a en effet annoncé qu’une « procédure de déficit excessif fondée sur la dette » se révélait « justifiée ». Et pour cause, la dette italienne ne va actuellement clairement pas dans le bon sens. Pour Pierre Moscovici, il est clair que la dette en question représente aujourd’hui une charge importante pour l'économie ». Elle est, d’ailleurs, passée « de 131% à 132% du produit intérieur brut (PIB) » en 2018.

Le problème, c’est que la dette de l’Italie pourrait bien continuer d’évoluer… A la hausse ! Selon la Commission, elle risque bien de franchir un nouveau cap et d’atteindre 133,7% en 2019, puis 135,7% en 2020. Le problème c’est qu’elle se hisse déjà largement au-dessus du seuil de 60% fixé par les règles européennes. Quant à son déficit structurel, il aurait déjà dû s’améliorer en 2018 comme demandé. En vain...

Le fait est que la procédure pour déficit excessif voulue par Bruxelles ne pourra véritablement être lancée qu'au terme d'un processus particulièrement complexe qui requiert l'approbation des autres États membres. Dans le cas où elle aboutirait, des sanctions allant jusqu'à 0,2% du PIB, soit environ 3,5 milliards d'euros, pourraient être appliquées.

Des négociations délicates

En attendant, un dialogue devrait débuter prochainement entre la Commission et la coalition populiste au pouvoir en Italie (laquelle coalition réunit en son sein la Ligue (l’extrême droite italienne) et le Mouvement Cinq Étoiles (M5S, antisystème). Sauf que les négociations risquent de ne pas être de tout repos. Matteo Salvini, l'homme fort du gouvernement, a déjà rappelé qu’il ne flancherait pas face à Bruxelles.

Fin 2018, le gouvernement italien avait déjà eu du mal à se dépêtrer des points de désaccord l’opposant à la Commission concernant la gestion de sa dette et de son budget. A l’époque, Bruxelles avait rejeté son projet de budget, puisque déjà considéré comme étant non conforme aux règles européennes. Quelques semaines plus tard, les deux camps avaient finalement assoupli leurs positions pour parvenir à un compromis à quelques mois des élections européennes.

Reste également que la Commission est loin d’être la seule instance à considérer que la dette publique italienne constitue un risque majeur pour l'économie de la zone euro. Le Fonds monétaire international (FMI) n’en pense pas moins. Un rapport pointant cette problématique - et qui doit être rendu le 13 juin prochain à l’occasion d'une réunion de l'Eurogroupe – met en exergue sur les difficultés qui pèsent sur l’économie européenne. Outre le Brexit et les tensions commerciales, la dette publique italienne figure en bonne place.

A Bruxelles, l’heure des négociations a donc plus que jamais sonné. Entre les échanges avec la coalition populiste au pouvoir en Italie et l’approbation des autres Etats membres, le chemin visant à ouvrir une procédure pour déficit excessif à l’encontre de l’Italie risque de ne pas être de tout repos.

Julie COHEN-HEURTON