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La dette italienne plombée par le départ de Mario Monti

"Super Mario" n'en a peut-être pas fini avec la scène politique italienne

"Super Mario" n'en a peut-être pas fini avec la scène politique italienne - -

L’incertitude politique qui se profile en Italie, après l’annonce de la démission du chef du gouvernement Mario Monti, gonfle les taux de la dette italienne vers le haut, ce lundi 10 décembre.

Mario Monti l’avait lui-même dit : "J'ai préféré le faire [démissionner, ndlr] maintenant, alors que les marchés étaient fermés", afin d’éviter des turbulences trop forte.

Le président du Conseil italien, a annoncé, samedi 8 décembre, sa démission "irrévocable", un jour où les places boursières européennes ne sont pas ouvertes. Cette démission prendra effet après le vote du Budget 2013, et sera suivie d’élections législatives devant aboutir à l’élection d’un nouveau président du Conseil italien.

Seulement Mario Monti était probablement conscient que la dette italienne n’échapperait pas à la sanction des marchés, ce lundi 10 décembre. Les taux à 10 ans de la dette italienne s’échangeaient ainsi à 4,86 % sur l’échéance phare, le 10 ans, vers 12h.

Par rapport à vendredi, la hausse sur ces taux dépasse 0,30%, ce qui sur le marché obligataire représente un véritable fossé. Pour rappel, plus les taux exigés sont élevés sur la dette d'un état, plus les investisseurs manifestent leurs craintes vis-à-vis de la solidité finanicère d'un pays.

L’Italie a toujours été dans le collimateur des marchés, depuis le début de la crise de l'euro. Mais Mario Monti et sa rigoureuse politique était perçus par les marchés comme un gage de stabilité.

Son action, et surtout les mesures menées en parallèle par la Banque centrale européenne, avaient permis un important reflux sur la dette italienne. Les taux à 10 ans étaient passés de plus de 6%, au mois de juillet, à 4,4% début décembre, leur niveau le plus bas depuis deux ans.

Super Mario part pour revenir ?

L’annonce de la décision de Mario Monti, et le retour sur la scène politique du Cavaliere, Silvio Berlusconi, jette une incertitude sur le devenir politique de la botte transalpine. "L’Italie a du mal à se défaire de ses vieux démons", observe Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis. Il rappelle que "Le facteur politique a toujours joué un rôle majeur" sur les taux de la dette italienne.

Un mauvais signe, alors que l’Italie est "le premier émetteur de dette de la zone euro, avec la France", fait remarquer Patrick Legland, responsable mondial de la recherche Société Générale CIB, dans l’émission Good Morning Business de BFM Business.

Par ailleurs, les difficultés italiennes raniment également le spectre de la contagion à d’autres pays fragilisés de la zone euro. Ainsi, l’Espagne, l’autre homme malade de la zone euro, souffrait également ce lundi matin. La dette espagnole s’échangeait ainsi à 5,57% sur le 10, soit 0,16% que vendredi. Une autre progression importante.

Toutefois, Cyril Regnat estime que ce sentiment de risque politique sur la dette italienne "est un peu excessif". Le stratégiste obligataire rappelle ainsi que le leader dans les sondages reste le démocrate Pier Luigi Bersani.

Ce dernier devrait s’inscrire dans la lignée de Mario Monti au niveau de sa politique économique. Il pourrait même confier un poste au futur ex-président du Conseil italien. "Mario Monti était respecté par les marchés, d’où la nécessité de le prendre dans son équipe. Le mettra au ministère des Finances serait perçu comme un gage de crédibilité", analyse Cyril Regnat. "Super Mario", n’en a donc probablement pas fini avec la politique italienne.

Julien Marion (texte) et Mélanie Vecchio (vidéo)