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Dettes, austérité et Corées font rechuter les marchés financiers

LA CLÔTURE DES BOURSES EUROPÉENNES

LA CLÔTURE DES BOURSES EUROPÉENNES - -

par Herbert Lash et Carolyn Cohn NEW YORK/LONDRES - Les Bourses européennes et l'euro ont rechuté mardi, avec le réveil des inquiétudes sur le...

par Herbert Lash et Carolyn Cohn

NEW YORK/LONDRES (Reuters) - Les Bourses européennes et l'euro ont rechuté mardi, avec le réveil des inquiétudes sur le secteur bancaire européen et l'escalade des tensions entre les deux Corées.

Les investisseurs voient également d'un oeil inquiet la multiplication des plans d'austérité en Europe. Après la Grèce, le Portugal, l'Espagne et le Royaume-Uni, l'Italie devait présenter en fin de journée un plan de réduction de son déficit d'environ 26 milliards d'euros sur deux ans.

L'indice boursier paneuropéen FTSEurofirst 300 a clôturé en baisse de 2,26%. À Paris, le CAC 40 a perdu 2,9% après avoir testé en séance les 3.300 points et les Bourses de Madrid et de Lisbonne ont lâché respectivement 3,05% et 2,75%.

Les valeurs bancaires ont figuré une nouvelle fois parmi les plus touchées, avec un recul de 3,61%.

Le mouvement est loin d'être cantonné à l'Europe : la Bourse de Tokyo a fini en baisse de 3,06%, au plus bas depuis décembre 2009. A la mi-journée, Wall Street abandonnait près de 2% et l'indice CBOE de la volatilité, surnommé "l'indice de la peur", bondissait de plus de 5%.

LES BANQUES DE NOUVEAU DANS LE COLLIMATEUR

C'est la mise sous tutelle ce week-end de CajaSur, une petite caisse d'épargne espagnole en difficulté, qui a ravivé les tensions.

Ce cas particulier représente un impact financier potentiel limité mais il cristallise les inquiétudes liées aux difficultés budgétaires et économiques des pays du sud de l'Europe, qui pourraient affecter de grandes banques de la zone euro, souvent fortement exposées à ces marchés.

L'euro, lui, était une nouvelle fois sanctionné, se rapprochant d'un plus bas de quatre ans face au dollar et tombant à un nouveau plus bas de huit ans et demi face au yen.

Sur le marché obligataire, les emprunts d'Etat allemands, considérés comme les plus sûrs de la zone euro, ont inscrit un nouveau record et les treasuries évoluaient également en nette hausse, faisant reculer leur rendement de plus de 3,0%, au plus bas depuis plus d'un an.

Les conditions de financement des banques se durcissent, les institutions américaines se montrant de plus en plus réticentes à traiter avec des contreparties fortement exposées au marché européen.

"C'est un peu comme au moment de l'affaire Lehman. Les banques ne se prêtent plus entre elles, elles échangent très peu de cash. Sur le marché monétaire cash, il ne se passe pas grand chose", explique une responsable d'un courtier interbancaire basé à Paris.

RISQUE DE ZÈLE DANS L'AUSTÉRITÉ, AVERTIT LE FMI

Outre les inquiétudes pour le secteur financier, les marchés souffrent de la crainte de voir les plans de rigueur successifs peser sur la croissance et ralentir la reprise économique.

En Italie, avant même l'annonce du plan gouvermental, le moral des ménages est tombé à son plus bas niveau depuis un an selon une enquête publiée mardi.

Plus généralement, l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Olivier Blanchard, a mis en garde dans un entretien à La Tribune contre une austérité superflue, qui serait contre-productive.

"Le risque est en l'occurrence que, sous la pression des marchés, certains pays fassent du zèle dans l'austérité. Ce serait une erreur", a-t-il jugé.

"Les marchés ont souvent tendance à mettre une série de pays dans le même panier. De fait, les autres pays européens n'ont pas besoin de prendre des mesures aussi draconiennes que la Grèce."

La situation dans la péninsule coréenne constitue une source d'inquiétude supplémentaire pour les marchés: la Bourse de Séoul a cédé 2,75% après que la Corée du Nord a brandi la menace d'une intervention militaire contre sa voisine du Sud.

La remontée du dollar américain, qui profite à plein du regain d'aversion au risque des marchés, pénalise le pétrole, également handicapé par les préoccupations liées à la demande.

Le baril de brut léger américain abandonne près de deux dollars en fin d'après-midi.

Le projet de l'Allemagne d'étendre l'interdiction des ventes à découvert à nu n'a eu en revanche qu'un impact limité sur les marchés. Selon un document du ministère des Finances allemand, Berlin pourrait étendre la mesure aux valeurs boursières.

Marc Angrand et Gwénaëlle Barzic pour le service français, édité par Nicolas Delame