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Deutsche Bank fait son retour sur le marché des produits agricoles

Deutsch Bank remet sur le marché des produits dérivés agricoles, une activité désignée par des ONG comme un des facteurs de la faim dans le monde

Deutsch Bank remet sur le marché des produits dérivés agricoles, une activité désignée par des ONG comme un des facteurs de la faim dans le monde - -

La banque avait cessé cette activité polémique en 2012. Elle la reprend, en ce début 2013, assurant que ses produits dérivés agricoles ne sont pour rien dans la variation du cours des aliments.

La Deutsche Bank a décidé de reprendre son activité sur les matières premières agricoles, a-t-elle annoncé mardi 22 janvier. Elle avait pourtant suspendu ses produits financiers sur ce secteur en mars dernier, en raison des polémiques sur le rôle délétère qu'ils jouaient sur le cours des matières premières.

Pour la banque allemande, qui affirme avoir procédé à de "nombreuses enquêtes", les produits dérivés agricoles ne sont pas responsables de la hausse des prix alimentaires. Selon elle, ils présentent des avantages comme de protéger les exploitants des variations de prix.

"Quel secteur de l’économie ne serait pas intéressé d’attirer des capitaux ?" souligne Michel Portier, directeur d'Agritel, une société de conseil spécialisée dans la gestion des risques sur les marchés des matières premières agricoles.

Les investissements utiles, et les autres...

Pour lui, la hausse des cours vient, en premier lieu "du déséquilibre entre l’offre et la demande, mais aussi de l’accentuation de la fréquence des incidents climatiques".

Des phénomènes qui renforcent encore le besoin de liquidités du secteur, ne serait-ce que pour augmenter la production. Or, rappelle Michel Portier, le but de ces produits dérivés est d’attirer des liquidités vers le secteur des matières premières agricoles.

Une thèse qui ne convainc pas tout le monde. La ministre allemande de l’Agriculture Ilse Aigner et l’ONG FoodWatch, considèrent ainsi que la Deutschbank a pris "une décision irresponsable".

La ministre considère qu’il existe, certes, des investissements "responsables et utiles dans la lutte contre la faim". Mais d’autres sont susceptibles d’augmenter "les fluctuations des prix mondiaux", regrette-t-elle. "Ceux qui ne font aucune distinction [entre les deux, NDLR] font preuve d’un manque de sentiment", assène-t-elle.

D’autres banques allemandes, comme Commerzbank ou LBBW, avaient également renoncé à leurs activités sur les marchés agricoles sous la pression de l’opinion publique. Elles ne sont pas revenues sur cette décision.

Nina Godart et BFM Business