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Les dirigeants européens sont-ils jaloux de Google?

La puissance de Google inquiète les Européens.

La puissance de Google inquiète les Européens. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Le président Hollande se rend cette semaine aux Etats-Unis et notamment en Californie, où il a prévu de rencontrer les dirigeants de Google.

Google face aux Etats. Alors que François Hollande se rend cette semaine aux Etats-Unis où il a prévu de rencontrer les dirigeants de Google, le géant californier est attaqué de toute parts en Europe. L'entreprise, qui connaît une croissance spectaculaire (son chiffre d’affaires est de 44 milliards d’euros soit une progression de 20% en 2013), est accusée, d’une part, de collecter des données sur la vie des gens sans les prévenir, d’autre part, de fuir le fisc. 

Google est devenu le symbole du capitalisme débridé. En quoi est-ce le cas ?

Ce qui fascine chez Google, c’est la vitesse à laquelle l’entreprise s’est développée. Elle a été créée en 1998, par deux étudiants en informatique qui ont loué un garage pour avoir une adresse pour leur siège social. Elle est entrée en bourse en 2004, année où, par ailleurs, elle a créé un centre de recherche à Tokyo. Une volonté de profiter à la fois du dynamisme asiatique, et surtout du maintien d’une exigence forte en matière de formation scientifique dans les pays comme le Japon ou la Corée.

Depuis, l’entreprise fait ce que l’on appelle de la croissance externe : elle rachète des sites Internet ou des services assurés sur Internet, à partir de ce constat que son moteur de recherche lui permet de savoir ce que veulent les internautes, leurs besoins et leurs centres d’intérêt. Par exemple, Google a racheté Youtube en 2006.

Que lui reproche t-on?

Il y a d’abord les reproches traditionnels faits à toutes les entreprises qui réussissent, dont le plus classique est de ne pas payer assez d’impôt. Google s’en défend mettant en avant qu’il n’y a pas fraude mais optimisation fiscale, c'est-à-dire recours de façon habile à toutes les possibilités offertes par la loi.

Il y a le reproche normal des autorités de Bruxelles d’étouffer la concurrence. Bruxelles est dans son rôle. Google, pour ne pas avoir à payer une amende qui aurait pu se monter à 6 milliards €, est en train de faire des propositions pour favoriser l’émergence d’autres moteurs de recherche

En France, il y a en plus le reproche conservateur qui consiste à les accuser d’être à l’origine de suppressions d’emplois. Le progrès supprime des emplois mais il en crée de nouveaux. Il n’y a guère qu’en France qu’on ait à ce point la phobie du progrès.

Et puis, il y a des reproches qui vont au-delà de l’économie

Lesquels?

Deux choses essentiellement: la première est d’utiliser des données personnelles collectées sur les internautes. On retrouve l’angoisse de l’utilisation des moyens informatiques pour porter atteinte à la liberté et au respect de la vie privée. En France la Cnil a condamné Google mais c’est aussi le cas de l’Espagne et des Pays Bas.

Google se défend en avancant qu’avant l’informatique, on tenait des registres multiples et variés sur les gens et que le problème n’est pas la constitution de fichiers mais les intentions malignes de ceux qui y ont accès.

La seconde est le fantasme du robot électronique prenant le pouvoir sur les hommes. Et ce fantasme est d’autant plus anxiogène que le robot électronique tout puissant de demain sera clairement américain. L’Europe pourrait encore jouer un rôle mais il faudrait que l’on arrête de croire que l’enjeu c’est d’éviter les suppressions d’emplois dans des secteurs d’ores et déjà condamnés.

Jean-Marc Daniel