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Donald Trump face à l'ONU : « Isoler l'Iran » et... « l'Opep nous arnaque »

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- - JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Iran, Chine et désormais Opep. Donald Trump a tenu un discours offensif, à la tribune des Nations Unies.

Le président américain Donald Trump a appelé mardi à New York tous les pays de la planète à isoler le régime iranien, dénonçant la « dictature corrompue » au pouvoir selon lui à Téhéran. Martelant devant l'Assemblée générale de l'ONU son attachement à la « souveraineté américaine », il s'en est pris tour à tour aux pays de l'Opep, aux pratiques commerciales de la Chine ou encore la Cour pénale internationale (CPI) accusée de n'avoir « aucune légitimité ».

Mais le locataire de la Maison Blanche a opté pour un ton moins agressif qu'en 2017. Dans un contraste saisissant avec sa première allocution, lorsqu'il avait menacé, dans un discours enflammé, de « détruire totalement » la Corée du Nord, il a vanté le dialogue « audacieux » amorcé avec le régime reclus en vue de sa dénucléarisation. Propos longtemps inimaginables dans la bouche d'un président des Etats-Unis, il est allé jusqu'à louer le « courage » de l'homme fort de Pyongyang, Kim Jong Un, jadis affublé du surnom moqueur de « Rocket Man ».

« Isoler l'Iran »

C'est, sans surprise, au régime de Téhéran qu'il a réservé ses flèches les plus aiguisées. « Nous ne pouvons pas permettre au principal soutien du terrorisme dans le monde de posséder les armes les plus dangereuses de la planète » ou de « menacer l'Amérique » ou Israël, a-t-il martelé. « Nous demandons à toutes les nations d'isoler le régime iranien tant que son agression se poursuit » et « de soutenir le peuple iranien », a-t-il ajouté.

Tout en restant évasive sur sa stratégie à moyen terme, la Maison Blanche se défend régulièrement de chercher à provoquer un changement de régime dans ce pays, avec lequel les Etats-Unis n'ont plus de relations diplomatiques depuis près de 40 ans.

Quelques heures avant de prendre la parole, M. Trump avait coupé court aux spéculations sur un éventuel tête-à-tête avec le président iranien Hassan Rohani, assurant que ce n'était pas d'actualité. « Peut-être un jour, à l'avenir. Je suis sûr que c'est un homme absolument charmant! », avait-il tweeté.

Macron appelle au dialogue 

Marquant son net désaccord avec son homologue américain, Emmanuel Macron a appelé peu après au « dialogue et au multilatéralisme » pour régler la crise iranienne. « Qu'est-ce qui permettra de régler véritablement la situation en Iran? (...) La loi du plus fort? La pression d'un seul? Non! », a-t-il martelé, appelant à éviter « les postures qui à terme ne manqueraient pas d'être stériles ».

A la tribune des Nations unis, Donald Trump a une nouvelle fois fait l'éloge du « patriotisme », rejetant « l'idéologie du mondialisme » et promettant de ne jamais abandonner la souveraineté américaine à « une bureaucratie mondiale non élue et irresponsable ». La président américain a aussi défendu avec force le bien-fondé des guerres commerciales qu'il a engagées sur plusieurs fronts, Chine en tête. Le déséquilibre commercial avec Pékin « ne peut être toléré », a-t-il tonné.

L'Opep nous « arnaque »

Dans un contexte de hausse des cours du pétrole, Donald Trump a également vertement critiqué les pays de l'Opep. « Nous défendons nombre de ces nations pour rien et elles en profitent pour nous imposer des prix du pétrole plus élevés », a-t-il lancé, semblant viser plus directement ses alliés du Golfe. « Ce n'est pas bien. Nous voulons qu'elles cessent de faire monter les prix (...) et qu'elles commencent à les faire baisser. Et elles doivent contribuer substantiellement à partir de maintenant à l'effort de défense », a-t-il ajouté, sans plus de précisions.

Poursuivant sa charge contre l'Opep, il a reproché à l'organisation de pays producteurs de pétrole « d'arnaquer le reste du monde ». « Je n'aime pas cela. Personne ne devrait aimer cela », a-t-il martelé.

Rires

Fait rare dans cette prestigieuse enceinte où se rassemblent tous les ans les 193 Etats membres de l'ONU, le début de l'allocution du 45e président des Etats-Unis a été marqué par... quelques rires. Reprenant un argument régulièrement développé sur les estrades de campagne, M. Trump a vanté ses succès économiques et affirmé avoir accompli plus depuis son arrivée au pouvoir que « quasiment toute autre administration » dans l'histoire des Etats-Unis.

Lorsque que quelques rires ont fusé, il a interrompu un instant la lecture de son discours sur les téléprompteurs. « Je ne m'attendais pas à cette réaction, mais ça va » a-t-il répondu, amusé. 

La rédaction avec AFP