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EADS se repositionne sur le dossier des ravitailleurs américains

Selon une source proche du dossier interrogée par Reuters, EADS a informé le Pentagone mardi qu'il participerait à l'appel d'offres des avions ravitailleurs de l'armée de l'air américaine face à Boeing. /Photo d'archives/REUTERS

Selon une source proche du dossier interrogée par Reuters, EADS a informé le Pentagone mardi qu'il participerait à l'appel d'offres des avions ravitailleurs de l'armée de l'air américaine face à Boeing. /Photo d'archives/REUTERS - -

WASHINGTON/PARIS - EADS a informé le Pentagone mardi qu'il participerait à l'appel d'offres des avions ravitailleurs de l'armée de l'air...

par Andrea Shalal-Esa et Tim Hepher

WASHINGTON/PARIS (Reuters) - EADS a informé le Pentagone mardi qu'il participerait à l'appel d'offres des avions ravitailleurs de l'armée de l'air américaine, se mettant ainsi en concurrence avec Boeing pour un contrat évalué à 50 milliards de dollars (37,19 milliards d'euros).

"Il s'agit d'une sacrée opportunité", a déclaré Ralph Crosby, président d'EADS North America, ajoutant que, à ses yeux, l'appareil du géant européen d'aéronautique et de défense, maison mère d'Airbus, fondé sur l'A330 était meilleur que le dérivé du 767 que Boeing compte proposer.

EADS réfléchissait depuis plusieurs semaines à l'éventualité de présenter une nouvelle proposition alors que son partenaire américain Northrop Grumman avait décidé, début mars, de se retirer de la course, laissant Boeing seul en lice.

Le tandem EADS-Northrop avait remporté le précédent appel d'offres pour le renouvellement des avions ravitailleurs de l'US Air Force début 2008 mais Boeing a réussi à faire invalider le résultat en contestant plusieurs points de procédure.

Bryan Whitman, porte-parole du Pentagone, a salué la décision d'EADS et a assuré que le département de Défense américain était déterminé à mettre en oeuvre un processus juste, ouvert et transparent, ajoutant que tout partenaire américain d'EADS serait le bienvenu.

Ralph Crosby a souligné qu'EADS allait construire les ravitailleurs sur le sol américain, assurant que, en cas d'obtention du contrat, des dizaines de milliers d'emplois seraient créés.

A330 CONTRE 767

Réagissant au retour de son concurrent, Boeing s'est dit toujours préoccupé par le fait de rivaliser avec un groupe "lourdement subventionné" qui selon lui pourrait ainsi se permettre de prendre davantage de risques financiers.

Boeing et Airbus s'accusent depuis plusieurs années de bénéficier régulièrement d'aides publiques et ont porté leur différend devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Des élus de l'Alabama, où le modèle de ravitailleur d'EADS serait assemblé, ont salué la décision du groupe européen tout en disant craindre que Boeing ne soit favorisé dans le dossier.

Norm Dicks, président de la sous-commission des dépenses de défense à la Chambre des représentants, a déclaré la semaine dernière qu'il espérait qu'EADS ne ferait pas appel à des partenaires américains, déclenchant une controverse.

Plusieurs sources ont indiqué qu'EADS présenterait une offre aux côtés de partenaires américains comme General Electric, Honeywell International ou Rockwell Collins.

Reste à déterminer qui pourrait être, aux côtés d'EADS, le partenaire local de référence chargé des contrats militaires confidentiels. Des sources ont fait savoir que l'entreprise européenne envisageait de commencer seule.

EADS propose au Pentagone l'A330 MRTT (Multi Role Tanker Transport), un appareil dérivé du biréacteur A330 d'Airbus.

Boeing, de son côté, espère l'emporter avec un B767 remanié.

"EADS n'a pratiquement aucune chance de l'emporter dans l'état actuel des choses", souligne Rob Stallard, analyste chez Macquarie Securities.

"L'appel d'offres favorise clairement le 767 et Boeing s'est fortement investi pour gagner. Ce que EADS peut espérer, c'est la bonne volonté du département de la Défense", ajoute-t-il.

Northrop Grumman s'est retiré après avoir estimé que l'appel d'offres ne pouvait pas être remporté face à Boeing. La décision, qui écartait de facto EADS, a suscité des protestations au sein de la classe politique européenne.

"Nous sommes là pour gagner. Nous ne présentons pas une offre pour le seul plaisir de produire du papier", a déclaré le directeur général d'EADS North America Sean O'Keefe, démentant que l'objectif d'EADS était de s'assurer les bonnes grâces du Pentagone en vue d'autres projets.

L'action EADS a clôturé en hausse de 1,53% à 14,63 euros à la Bourse de Paris mardi. A Wall Street, Boeing a gagné 0,63% à 71,41 dollars.

Matthias Blamont, Jean-Stéphane Brosse pour le service français