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Elections allemandes : l'occasion de ressortir la formule, « It’s the economy, stupid… »

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- - Odd Andersen - AFP

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« It’s the economy, stupid » est une de ces formules que tout le monde connaît sans qu’il soit certain que son sens exact soit parfaitement compris. Cette phrase est due à Bill Clinton- ou à un de ses conseillers- quand, au printemps 1992, on lui prédisait une cuisante défaite face au président George Bush.

Sur le papier, ce dernier, qui venait de gagner la 1ere guerre contre l’Irak et dont la présidence avait accompagné la chute du mur de Berlin et la disparition de l’URSS, était auréolé d’un prestige international qui devait le rendre électoralement invincible. Mais Clinton croyait à ses chances du fait du retournement cyclique de l’économie. Celui-ci est alors effectivement palpable puisque le taux de chômage américain passe de 5,4% en janvier 1990 à 7,8% en juin 1992. Pour être aussi sûr de lui, Clinton s’appuyait sur les thèses de William Nordhaus, qui vient d’obtenir le prix Nobel d’économie pour des travaux sur le réchauffement climatique.

Nordhaus s’est initialement fait connaître pour son analyse de l’impact des cycles économiques sur les élections. Selon lui, le sortant ne peut gagner que s’il se représente au moment de l’équilibre du cycle, quand le chômage est faible et les tensions inflationnistes inexistantes. C’est pourquoi un premier ministre anglais perd rarement les élections car il les provoque à ce moment précis ; de même, un président des Etats-Unis sans scrupule est réélu car il augmente sans se préoccuper du futur le déficit budgétaire pour obtenir au moment adéquat le taux de chômage le plus bas.

Les élections du 14 octobre en Bavière ont donné un contre-exemple de ce mécanisme. Alors que la croissance ralentit en Allemagne au point que l’on parle désormais d’un taux de 1,8% contre une anticipation en début d’année de près de 2,3%, alors que plusieurs indicateurs conjoncturels sont en train de passer au rouge, le gouvernement de Berlin est resté passif. Conséquence, les électeurs bavarois viennent de sanctionner les membres de la Grande coalition.

Quiconque ignore le cycle comme Bush en 1992, Merkel dimanche dernier ou encore Chirac en 1997 perd les élections. En 2022 le cycle sera en France particulièrement défavorable au sortant. Un homme averti en vaut deux…