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Elections en Grèce: la BCE se prépare à toutes éventualités

Un échec du candidat porté par le gouvernement à l'élection présidentielle grecque pourrait mener à l'arrivée au pouvoir du parti anti-austérité.

Un échec du candidat porté par le gouvernement à l'élection présidentielle grecque pourrait mener à l'arrivée au pouvoir du parti anti-austérité. - Louisa-Gouliamaki-AFP

La Banque centrale européenne envisage d'aider plus directement les Etats-membres, mais en les responsabilisant davantage. Objectif: anticiper l'éventuelle arrivée au pouvoir en Grèce d'un parti anti-austérité.

Le deuxième tour des élections présidentielles grecques se tient ce 23 décembre. Un scrutin dont le résultat final inquiète le gouvernement grec, mais aussi ses partenaires européens. La coalition droite-socialiste au pouvoir va une nouvelle fois tenter d'imposer son homme, Stavros Dimas, ancien commissaire européen et ancien ministre.

Vingt voix difficiles à trouver

Ce dernier n'a obtenu que 160 votes de députés sur 300 au premier tour mercredi dernier, alors qu'il en fallait 200 pour être élu. Il en faudra aussi 200 ce mardi. 

Il restera ensuite au Premier ministre Antonis Samaras une ultime tentative, le 29 décembre prochain, au troisième tour. Cette fois il ne lui faudra que 180 voix pour être élu, mais ces vingt votes supplémentaires vont être difficiles à trouver.

En cas d'échec, de nouvelles élections législatives devront être organisées. Avec à la clé, une possible victoire de Syriza, le parti de la Gauche radicale, anti-austérité.

Ce scénario inquiète les marchés, mais aussi la BCE. Car l'institution détient l'essentiel de la dette grecque. Dans ce contexte, un débat monte en puissance au sein de la Banque centrale européenne. En cas de rachat de dettes, les pays les plus risqués pourraient désormais prendre leur part du risque.

Convaincre l'Allemagne 

La discussion entre les gouverneurs de Francfort porte sur la mutualisation des risques. Une grande partie des gouverneurs de l'institution, à l'instar du président de la Banque centrale de Belgique, Luc Coene, qui s'exprimait sur le sujet samedi, estime qu'il est temps pour l'institution de racheter directement de la dette des Etats membres. Un moyen, notamment, de lutter contre l'inflation.

C'est le principal point d'achoppement avec le patron de la Banque centrale allemande. Pour lui, pas question de racheter des titres de dettes, sauf de façon très limitée et dans des pays où la qualité de crédits est très élevée, afin de limiter les risques au maximum.

Pour contourner cette hostilité, une piste commence à circuler: la BCE pourrait demander aux banques centrales nationales des pays les plus faibles d'assumer une part du risque. Dans le viseur, des pays comme le Portugal ou la Grèce.

Concrètement, dans ces pays, la BCE demanderait aux banques centrales nationales de mettre des provisions de côté pour assumer d'éventuelles pertes sur les obligations qu'elle achèterait. En clair, si la Grèce devait faire défaut, il reviendrait à Athènes d'en assumer les coûts. De quoi faire réfléchir le gouvernement grec à deux fois. Et convaincre -peut-être- le patron de la Bundesbank de dire oui à un éventuel assouplissement. 

Caroline Morisseau avec N.G.