BFM Business
Economie et Social

Elections grecques: faut-il avoir peur du parti Syriza?

Le leader de Syriza, Alexis Tsipras (à droite), lors d'une manifestation en novembre.

Le leader de Syriza, Alexis Tsipras (à droite), lors d'une manifestation en novembre. - Louisa Gouliamaki - AFP

Syriza, le parti anti-austérité qui fait peur à l'Europe, est en tête des sondages pour d'éventuelles législatives anticipées en Grèce en janvier. A l'approche du pouvoir, ce parti propose un programme plus centriste.  Et en cas d'élection, il devrait composer une coalition.

Les marchés comme les responsables européens ne cachent pas leur appréhension, alors que le parti anti-austérité Syriza et son leader Alexis Tsipras, pourraient sortir vainqueur de législatives anticipées.

Elles se tiendraient avant la fin du mois de janvier, si le Parlement n'élit pas le candidat à la présidence de la majorité conservatrice lundi prochain.

Bien que la coalition au pouvoir agite le chiffon rouge, il ne faut pas dramatiser une éventuelle arrivée au pouvoir de Syriza. Le parti n'envisage ni de sortir de l'euro, ni de déclarer un défaut de paiement sur sa dette.

Une "renégociation de la dette" plutôt qu'une annulation

Alexis Tsipras a bien déclaré il y a deux ans que la monnaie unique n'était pas "un fétiche" pour lui. Mais depuis, "il réaffirme sans cesse sa volonté de rester dans l'euro", rappelle Ilias Nicolapoulos, politologue à l'université d'Athènes, à Libération.

En s'approchant du pouvoir, le parti s'est fixé une ligne plus souple. Il réclame aujourd'hui une "renégociation" de la dette grecque, et non plus une annulation pure et simple. Le programme de Syriza prévoit une conférence sur la dette européenne. Pour soutenir cette idée, le parti rappelle qu'en 1953, la dette de l'Allemagne envers la Grèce avait été annulée.

Syriza propose donc de renégocier "seulement la dette détenue par les Etats européens, la Banque centrale européenne, et le Mécanisme européen de stabilité", et de payer 'rubis sur l'ongle' les investisseurs privés", insiste Ilias Nicolapoulos.

Une alliance avec la gauche modérée

Ce programme de renégociation, qui prévoit un bras de fer avec Bruxelles, pourrait lui-même évoluer: il est peu probable que Syriza dirige la Grèce seul. Le parti d'Alexis Tsipras devra s'appuyer sur un autre pour former une coalition. 

Le Parti communiste (PKE) ne veut pas entendre parler d'une alliance, et Syriza aurait alors une seule option, outre les anti-européens de droite: se tourner vers la gauche modérée.

Quant aux autres mesures prônées par le parti anti-austérité, elles sont somme toute modérées. Elles consistent à revenir sur une partie des mesures imposées par la troika, les créanciers internationaux d'Athènes. Par exemple en augmentant le smic, ou en revalorisant le minimum vieillesse, tout en conservant un budget à l'équilibre. 

Les marchés et les Européens ne sont pas convaincus

Ces perspectives ne rassurent pas pour autant les marchés. Alexis Tsipras avait fait le voyage à la City de Londres, pour convaincre les investisseurs et leur présenter son programme. "C'est pire que le communisme. Au moins, ils avaient un plan. Là, c'est le chaos absolu", commentait, lapidaire, un document de travail du fonds de pension Capital Group, rapporte le Telegraph.

Les responsables européens ne sont pas plus convaincus. François Hollande avait rappelé au peuple grec que si la "Grèce s'éloignait de ses engagements", "des pays dans la zone euro préfèreront en terminer avec la présence de la Grèce dans la zone euro", lors d'un journal télévisé grec, en 2012, peu avant des législatives.

Plus récemment, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, a annoncé: "ma préférence serait de revoir des visages familiers en janvier", donc des membres de la coalition au pouvoir. Jamais un président de la Commission n'avait énoncé de préférence lors d'une élection nationale, selon Médiapart.

Joseph SOTINEL