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Emmanuel Macron estime qu'une "réforme de l'OMC avant l'été est vitale"

Lors de sa conférence de presse, qui clôt son déplacement de trois jours en Chine, le président de la République est revenu sur le dossier sensible des relations commerciales.

Au-delà du bilan comptable (15 milliards de dollars de contrats), le déplacement d'Emmanuel Macron en Chine a été l'occasion d'aborder de nombreuses problématiques, notamment commerciales, entre la France, l'Europe et l'empire du Milieu.

Lors de sa conférence de presse ce mercredi matin, qui clôt son déplacement de trois jours en Chine, le président de la République a d'abord commenté l'absence de coordination européenne dans sa relation avec la Chine et le manque de multilatéralisme. "L'Europe, elle doit être souveraine", et il "faut corriger les erreurs du passé", a expliqué le locataire de l'Elysée. Le but: "afficher l'Europe comme un partenaire crédible". "Et la Chine a compris que nous étions organisés, que nous avions un agenda d'ouverture et de souveraineté".

Deux initiatives sont prises: "Nous avons sur le plan économique à finaliser un accord en matière d'investissement. (...) Il va permettre de cadrer les choses entre l'UE et la Chine. La deuxième chose, c'est l'accord sino-européen sur le plan de la lutte contre le réchauffement climatique".

Concernant l'agenda commercial, "notre capacité ensemble à définir avant l'été une réforme de l'OMC est absolument vitale pour cette institution et pour notre capacité collective".

"L'Union européenne a un encéphalogramme plat"

Il faudra notamment régler la question du statut de "pays émergent" de la Chine au sein de l'institution, tout en validant la volonté chinoise de réformer l'OMC. "Je pense que la réaffirmation stratégique de la Chine quant à l'ouverture de son économie la conduit, de toutes façons, à devoir penser à des termes de multilatéralisme commercial. Les Européens et les Américains ont une grande responsabilité en la matière. Et avant de savoir jusqu'où la Chine peut aller, je nous appelle nous à la responsabilité", a souligné Emmanuel Macron.

"Ce que je constate (...) c'est que ce sont les Etats-Unis qui ont décidé que l'OMC n'était plus un organe valable. Et c'est l'Union européenne qui a un encéphalogramme relativement plat au sujet de réformes et à la capacité de s'en saisir elle même. C'est à nous d'avancer. (...) Quand on aura une proposition européenne, on verra ce avec quoi la Chine est d'accord ou pas d'accord".

Aux marges des questions commerciales et politiques, Emmanuel Macron est également revenu sur la question sensible de l'équipementier télécoms Huawei, accusé d'espionnage et boycotté par les Etats-Unis, mais qui est un acteur de poids des déploiements 4G et surtout 5G en Europe. 

5G: "l'Etat doit avoir un droit de regard"

"La France est un pays qui est ouvert à tous les investisseurs. Nous avons défini des secteurs qui sont stratégiques où la souveraineté nationale est en question. Quand la cybersécurité, la sécurité nationale sont en jeu, nous avons un regard". "Ca ne vise pas simplement les investisseurs chinois"...

"On a beaucoup évoqué les sujets de télécommunication, les grands fournisseurs chinois sont présents en France très largement comme partout en Europe, après, il y a des sujets qui sont que commerciaux et des sujets qui sont aussi de souveraineté. C'est quelque chose que la Chine comprend très bien", souligne le président.

"Je pense qu'il y a beaucoup d'opérateurs européens qui achètent Huawei, je suis tout à fait heureux que Huawei, Nokia, Ericsson, ZTE soient des fournisseurs, je dis simplement qu'à un moment donné, sur une partie de notre réseau, ce sont des questions de souveraineté. Sans viser aucune entreprise, l'Etat doit avoir un regard". Ce qui est le cas, grâce à une loi qui va dans ce sens.

Olivier Chicheportiche