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Tsipras réclame une décote de 30% de la dette grecque

A deux jours du référendum en Grèce, les affiches en faveur du non ("oxi" en grec), se multiplient dans la capitale.

A deux jours du référendum en Grèce, les affiches en faveur du non ("oxi" en grec), se multiplient dans la capitale. - ARIS MESSINIS - AFP

Dans deux jours se tient un referendum en Grèce. Retrouvez le récit de l'avant-dernière journée avant ce scrutin crucial, minute par minute.

La journée du référendum crucial en Grèce dimanche se rapproche. En attendant ce scrutin, dont l'objet est interprété de différentes manières selon qu'on soit partisan du "oui" ou du "non", toute négociation entre Athènes et ses créanciers publics ont été suspendue.

Pour autant, Alexis Tsipras, qui se base sur un rapport du FMI paru jeudi qui va dans ce sens, a réclamé ce 3 juin une décote de 30% de la dette grecque et une période de grâce de 20 ans avant de commencer à rembourser.

Il s'est en outre étonné de n'avoir jamais entendu parler de ce rapport pendant les cinq mois qu'ont duré les négociations. La seule réponse qu'il aura obtenu vient du président de l'eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, qui a rétorqué que les données utilisées par le FMI étaient "obsolètes". 

La BCE, qui finance les banques grecques, a pour sa part répété qu'elle attendait elle aussi "le jour d'après" pour se prononcer sur la poursuite éventuelle de son soutien aux établissements financiers du pays. Des établissements tous fermés à l'heure actuelle. Pour stopper les fuites massives de capitaux de ces dernières semaines, Athènes a en effet fait fermer les banques, et autorisé les citoyens du pays à ne retirer que 60 euros par jour et par personne.

Pendant les deux jours qui restent à attendre que les Grecs se prononcent, les déclarations et annonces se multiplient. Les manifestations aussi. A Athènes ce vendredi, les camps du "oui" et ceux du "non" tenaient leur dernier meeting. Si des sondages contradictoires sont parus ces derniers jours, en nombre de manifestants, le "non" l'emporte, selon la police, à 25.000 contre 20.000. 

Retrouvez le récit de cette journée minute par minute ci-dessous

20h53 - "Vivre avec dignité dans l'Europe"

Au cours du dernier meeting du camp du "non", qui se tient en même temps que le dernier du camp du "oui" à Athènes, le Premier ministre Alexis Tsipras a appelé à voter "non" pour "vivre avec dignité dans l'Europe". 

20h32 - Tsipras rejoint à pied les manifestants du "non"

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a rejoint vendredi soir ses partisans qui manifestaient pour le non sur la place Syntagma, dans le centre d'Athènes, à pied depuis son bureau en fendant la foule. Plus de 25.000 personnes, selon la police, étaient rassemblées sur cette place pour dénoncer les politiques de rigueur proposées par les créanciers, UE et FMI, à deux jours d'un référendum crucial pour le sort de la Grèce et de la zone euro.

20h22 - La zone euro pourrait devoir vivre avec un Etat en faillite

L'Union européenne s'efforce d'assurer le maintien de la Grèce au sein de la zone euro, mais cela pourrait conduire celle-ci à vivre avec en son sein un pays en faillite, a déclaré vendredi Donald Tusk, le président du Conseil européen. "Peut-être faudra-t-il nous habituer à vivre avec comme membre de l'euro un pays en faillite", a-t-il dit dans un entretien accordé jeudi soir au site internet Politico, avant le référendum de dimanche en Grèce. "Il est très clair que le référendum ne porte pas sur le fait de faire partie ou pas de la zone euro", a ajouté Donald Tusk, prenant ainsi ses distances avec d'autres dirigeants politiques de la région selon lesquels le scrutin de dimanche est décisif pour l'avenir de la Grèce dans la zone euro. Si les Grecs votent majoritairement "oui" dimanche, "je crois qu'il y aura une chance d'ouvrir un nouveau chapitre dans les négociations, peut-être plus prometteur qu'auparavant", a-t-il dit. Si le "non" l'emporte, "la marge de négociation sera plus étroite, évidemment", a-t-il poursuivi.

19h46 - Le "non" a gagné... en nombre de manifestants

Au terme d'une nouvelle journée de manifestation à Athènes, le camp du "non" au référendum aurait compté 25.000 personnes, contre 20.000 pour le camp du oui, à 19h30, selon la police. 

18h05 - Le référendum est légalement possible

Le Conseil d'Etat grec, plus haute autorité administrative du pays, a rejeté vendredi un recours contre le référendum prévu dimanche, qui pourra donc avoir lieu. Le recours avait été déposé par deux particuliers arguant que la campagne était trop courte -le référendum a été annoncé vendredi dernier-, que la Constitution interdisait de soumettre les questions budgétaires à référendum, et plus généralement que la question posée était vague et trop complexe.

17h38 - la Bourse de Paris termine en repli

La Bourse de Paris a temporisé vendredi (-0,57%) à l'issue d'une séance creuse en raison de la fermeture de Wall Street, en proie à une certaine nervosité avant un référendum dimanche en Grèce. L'indice CAC 40 a perdu 27,34 points à 4.808,22 points dans un faible volume d'échanges de 3 milliards d'euros. La veille, le marché parisien avait reculé de 0,98%.

16h50 – les banques grecques sont tranquilles jusqu'à mardi

Les banques grecques ont "des liquidités suffisantes jusqu'à la réouverture des banques prévue mardi", a assuré vendredi la directrice de l'Union des banques grecques et dirigeante de la Banque nationale grecque (BNG). Louka Katseli a fait cette brève déclaration aux médias à l'issue d'une réunion avec le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, le ministre adjoint de l'Economie Dimitris Mardas et les dirigeants des banques BNG, Alpha, Eurobank, Pireaus et Attica.

15h46 - La Grece va émettre de nouveaux bons du Trésor

La Grèce va émettre 1,25 milliard d'euros de bons du Trésor à six mois le 8 juillet en vue de refinancer une échéance arrivant à maturité, a annoncé l'agence grecque de la dette. Cette dernière doit refinancer deux milliards d'euros de bons à six mois qui arrivent à échéance le 10 juillet. Une adjudication de même type réalisée le mois dernier avait été adjugée à un rendement moyen de 2,97%.

"Dans les opérations de refinancement de dette, les détenteurs de bons du Trésor renouvellent leurs positions au lieu de se faire rembourser les titres arrivant à maturité qu'ils détiennent, ce qui fait que la vente peut avoir lieu. Ce sera un refinancement comme tous les autres", a indiqué un responsable de l'agence de la dette.

15h31 - Tsipras formule de nouvelles exigences

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a souhaité vendredi "une décote de 30% de la dette grecque et "une période de grâce de 20 ans" pour assurer "la viabilité de la dette" de son pays, lors d'une allocution télévisée.

Après s'être félicité de la publication jeudi du rapport du Fonds monétaire international (FMI) allant dans le même sens au sujet d'une dette grecque qui atteint environ 176% du PIB, le Premier ministre a déploré que cette position de l'institution "n'ait jamais été présentée par les créanciers (à Athènes) pendant les cinq mois de négociation" passés sur la poursuite de l'aide financière au pays.

15h31 - Tsipras estime que le FMI valide sa position sur la dette grecque 

Alexis Tsipras a jugé que le rapport du FMI sur la dette de la Grèce justifiait le rejet par son gouvernement des propositions des créanciers du pays.d'un référendum crucial en Grèce. "Hier, un événement d'une importance politique majeure s'est produit", a dit Alexis Tsipras. "Le FMI a publié un rapport sur l'économie de la Grèce fournissant une justification majeure au gouvernement grec en ce qu'il confirme l'évidence: la dette grecque n'est pas viable".

Le Fonds a chiffré jeudi à 50 milliards d'euros les besoins de financement du pays entre octobre 2015 et octobre 2018, et abaissé drastiquement ses prévisions de croissance pour cette année, les ramenant à 0%. Pour combler ce fossé budgétaire, le Fonds appelle les Européens à fournir 36 milliards d'euros d'argent frais et à alléger le fardeau de la dette grecque.

15h23 - Les chiffres du FMI sont "obsolètes 

Les chiffres utilisés par le Fonds monétaire international (FMI), qui a estimé jeudi que la dette de la Grèce devrait être restructurée, sont "obsolètes", a affirmé vendredi le chef de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem. Celui qui est également ministre néerlandais des Finances a par ailleurs affirmé que les déclarations de son homologue grec, qui a déclaré vendredi matin qu'un accord était à portée de main avec les créanciers du pays, étaient "absolument fausses".

14h55 - Schäuble refroidit les ardeurs de ceux qui croient à un accord rapide en cas de "oui"

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a prévenu que d'éventuelles nouvelles négociations avec Athènes prendraient "un moment", même en cas de "oui" des Grecs au référendum prévu dimanche. Le programme d'aide dont bénéficiait la Grèce a expiré, a-t-il rappelé, et de nouvelles négociations sur un soutien financier auraient lieu "sur une base complètement nouvelle et dans un contexte dégradé", a-t-il prévenu dans un entretien au tabloïd allemand Bild a paraître samedi. "Cela va prendre un moment", a-t-il ajouté.

14h22 - Le FESF pourrait exiger d'Athènes un remboursement anticipé

Le fonds européen de sauvetage financier, principal créancier de la Grèce, a déclaré vendredi qu'il se réservait le droit de réclamer le remboursement anticipé de 130,9 milliards d'euros dus par Athènes après son défaut mardi sur une échéance de 1,6 milliard d'euros due au Fonds monétaire international (FMI). Le conseil des gouverneurs du Fonds européen de stabilité financière a décidé de se réserver le droit d'agir ultérieurement sur les créances de la Grèce, écrit le FESF dans un communiqué.

13h34 - La Russie nie que la Grèce lui ait demandé de l'aide

La Grèce n'a pas demandé d'aide financière à la Russie, a déclaré vendredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cité par l'agence de presse RIA. 

13h03 - Un non affaiblirait Athènes... selon la Commission

La position de la Grèce pour négocier sa survie financière sera "considérablement affaiblie" si le non l'emporte au référendum de dimanche sur les projets de redressement des créanciers, a mis en garde vendredi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. "Si les Grecs votent non, la position grecque sera considérablement affaiblie", a déclaré M. Juncker devant la presse à Luxembourg, relevant que même en cas de victoire du oui, "nous serons confrontés à de difficiles négociations".

12h44 - Le financement des banques grecque suspendu au résultat du vote?

La Banque centrale européenne discutera lundi de la question du maintien ou non du dispositif de fourniture de liquidités d'urgence (ELA) pour les banques grecques, selon des propos d'Ewald Nowotny, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE.

Il a ajouté que l'idée d'une monnaie parallèle à l'euro en Grèce -similaire aux IOU (titres de reconnaissance de dette) utilisés dans l'Etat de Californie- pourrait être une solution "de très court terme", "peut-être d'une semaine". Il a toutefois précisé que "toute monnaie imprimée en dehors du monopole (de la BCE) serait juridiquement une contrefaçon."

Un peu plus tôt, le vice-président de la BCE, Victor Constancio, a déclaré qu'il ne pouvait pas dire si la banque centrale continuerait de fournir les ELA aux banques grecques si le "non" l'emportait au référendum de dimanche. 

8h29 - Des sondages contradictoires sur le résultat du référendum grec

Un nouveau sondage sur l'issue du référendum de dimanche en Grèce conclut à un avantage pour le "oui", d'une courte tête, avec 44,8%, tandis que le "non" recueillerait 43,4%. Ce sondage, réalisé par l'institut Alco, fait état de 11,8% d'indécis.

Les électeurs interrogés sont divisés à égalité entre 43% pour qui le référendum sera sur le fond une consultation sur la poursuite de l'appartenance de la Grèce à la zone euro, et 43% pour qui les Grecs se prononceront uniquement sur une acceptation ou non des propositions des créanciers. Néanmoins, 61% des sondés disent penser qu'une victoire du "non" accroîtra le risque d'une sortie de la Grèce de la zone euro.

Ce sondage marque un revirement car jusqu'à présent, la seule enquête d'opinion complète à avoir été publiée depuis l'annonce du référendum donnait le "non" en tête, mais déjà en net recul après l'annonce de la fermeture des banques pour toute la semaine. Cette enquête-là donnait 54% pour le "non" et 33% pour le "oui". 

La question à laquelle les Grecs devront répondre dimanche

Pour l'électeur qui n'est pas diplômé en droit ou en finances, le document va paraître difficilement compréhensible. Le référendum ne pose pas une question claire type: "voulez vous rester dans la zone euro", ou "voulez vous la démission du gouvernement". Il demande aux Grecs de se prononcer sur le plan d'accords soumis par l'Eurogroupe samedi dernier, le 25 juin.

En annexe, une longue suite de chiffres, d'acronymes, de références très techniques. Taux de TVA, objectifs budgétaires, simulations de ratios d'endettement. Il faut avoir au minimum suivi un petit peu les soubressauts de la crise grecque depuis 4 ans pour s'y retrouver.

Le gouvernement s'est contenté de traduire en grec les contreparties demandées par les créanciers et rédigées en anglais. En outre, le référendum porte sur le plan du 25 juin, et que depuis, les propositions ont été légèrement modifiées. 

Comment Paris se prépare au référendum

A l'Elysée, on s'apprête à échanger entre dirigeants dès dimanche soir avant que quiconque ne s'exprime. Quel que soit le résultat, il ne devrait pas y avoir de communication trop solennelle. François Hollande a prévenu : le "non" donnerait lieu à une forme d'inconnu.

Ce scénario catastrophe pourrait le replacer au centre d'un jeu risqué. Car le chef de l'Etat, pressé par sa majorité qui lui demande de jouer la carte du dialogue et du peuple grec, tenterait alors de jouer à nouveau l'intermédiaire entre la Grèce et une Allemagne toujours très menaçante en cas d'un "non".

François Hollande a-t-il encore les moyens de tenir ce rôle de go-between? Les dernières tournures de la crise grecque ont affaibli la position diplomatique de la France qui cherchait en vain un accord avant le référendum. En revanche, si le "oui" l'emporte, le président français a prévenu qu'un accord peut être très rapidement conclu dans la foulée.

Mathieu Jolivet

N.G. avec agences