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En pleine crise économique, l’Angola s’apprête à changer de Président

Des supporters de José Eduardo dos Santos, le Président sortant.

Des supporters de José Eduardo dos Santos, le Président sortant. - Marco Longari - AFP

Doté d’énormes réserves de pétrole, le pays a subi de plein fouet la chute des cours du brut en 2014. Et la population n’a pas vraiment profité des années dorées.

L'Angola vote ce mercredi pour des élections générales qui marquent la fin du règne exercé depuis trente-huit ans par le président José Eduardo dos Santos. Mais sauf énorme surprise, son parti devrait l’emporter et installer son candidat et dauphin désigné, l'ex-ministre de la Défense Joao Lourenço.

Au pouvoir depuis l'indépendance de l'ancienne colonie portugaise en 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) va donc continuer de diriger le pays. Car faute de moyens financiers et d'un accès conséquent aux médias, les deux principaux partis d'opposition, l'Unita et la Casa-CE, ne semblent pas en mesure de le priver de sa majorité absolue au Parlement. Selon la constitution angolaise, le candidat du parti vainqueur est en effet investi à la tête de l'État.

Luanda, capitale la plus chère du monde

Économiquement, l'Angola est en pleine crise. Pour rappel, ce pays est avec le Nigeria l'un des deux principaux producteurs de pétrole d'Afrique subsaharienne et tire la majorité de ses ressources de l'exploitation des hydrocarbures. Grâce à son or noir, le pays a lancé une vaste politique de reconstruction des infrastructures. Le boom pétrolier a ainsi fait de Luanda la capitale la plus chère de la planète pour ceux qui s'y installent en tant qu'expatriés.

Mais en dépit de la construction de routes ou d'hôpitaux, sa croissance n'a que peu profité à la population, l'une des plus pauvres du monde. La chute des cours du brut en 2014 a plongé le pays dans une sévère crise économique.

Selon la Banque mondiale, le PNB (Produit national brut) par habitant s'élevait à 3440 dollars en 2016. L'Angola est par ailleurs classé 164e sur 176 pays au dernier classement de l'ONG Transparency International sur la corruption.

Trois décennies de guerre civile

Ancienne colonie portugaise, l'Angola accède à l'indépendance en 1975 après une guerre de libération engagée en 1961. Une guerre civile oppose déjà trois mouvements de guérilla, le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA, pro-soviétique) du président Agostinho Neto, l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita) et le Front national de libération de l'Angola (FNLA), pro-occidentaux. En 2002, après la mort du chef historique de l'Unita, Jonas Savimbi, l'armée et l'Unita signent un accord de cessez-le-feu.

Arrivé au pouvoir à la mort du président Neto, en 1979, José Eduardo dos Santos règne depuis sans partage sur ce pays, dont il contrôle toutes les institutions. Son parti, le MPLA, dispose d'une majorité absolue de députés. Et les manifestations sont souvent interdites et réprimées par la police, le plus souvent dans la violence.

Le président accusé de népotisme

Le président dos Santos est critiqué par ses adversaires pour avoir mis l'État et l'économie en coupe réglée, notamment en offrant à sa famille et à ses proches la direction de nombreuses entreprises.

En 2013, il fait par exemple nommer son fils José Filomeno à la tête du fonds souverain du pays. Et en 2016, sa fille aînée, Isabel, considérée comme la femme la plus riche d'Afrique par le magazine Forbes, a été nommée à la tête de la compagnie pétrolière publique Sonangol, avant de s'emparer un an plus tard de la principale banque du pays, la BFA (Banco de Fomento Angola).

Sur la côte atlantique de l'Afrique, l'Angola (25 millions d'habitants) est limitrophe du Congo, de la République démocratique du Congo (RDC), de la Zambie et de la Namibie. L'enclave de Cabinda, coincée entre les deux Congo, produit 60% du pétrole de l'Angola. Mais elle reste minée par des revendications séparatistes.

Y.D. avec AFP