BFM Business
Economie et Social

Les entreprises suisses victimes de la limitation de l'immigration?

La Suisse pourrait perdre ses relations économiques privilégiées avec l'UE

La Suisse pourrait perdre ses relations économiques privilégiées avec l'UE - -

La Suisse a voté, dimanche 9 février, en faveur de la limitation de l'immigration. Mais la libre circulation des personnes est l'une des conditions pour que l'Union européenne maintienne des relations avec le pays.

Le vote suisse est en train de créer un raz de marée diplomatique. Les Suisses ont dit "oui" dimanche 9 février, à une faible majorité de 50,3%, à une limitation de l'immigration dans leur pays. Le gouvernement suisse a trois ans pour mettre en place les mesures d'application.

Cette décision helvète a provoqué, ce lundi, une vague de réactions. Si les eurosceptiques se réjouissent, ce n'est pas le cas de tout le monde. A Londres, David Cameron estime que "ce vote montre qu'il y a une inquiétude grandissante quant à l'impact que peut avoir la liberté de circulation au sein de l'UE".

En Allemagne, Steffen Seibert, porte-parole d'Angela Merkel, a souligné que "la liberté de circulation est pour nous un bien de haute valeur". Laurent Fabius a, lui, déclaré que "c'est une mauvaise nouvelle pour l'Europe".

"Conséquences graves pour les relations UE-Suisse"

Mais quelle conséquence pratique? Pia Ahrenkilde Hansen, porte-parole de la Commission européenne, explique à BFM Business que " le résultat du vote a des conséquences potentiellement graves pour les relations UE-Suisse". Si elle précise que le vote en lui-même ne modifie pas le statut quo de nos accords existants, elle souligne également que pour l'Union européenne "les restrictions à la libre circulation sont hors de question".

En effet, la Suisse entretient des relations étroites avec l'Union européenne. Ces relations sont réglées par un ensemble de 7 accords bilatéraux conclus au fil des ans entre la Suisse et l'UE. Ils sont liés les uns aux autres. Ainsi, peut-on lire sur le site de la Confédération suisse, "les accords sont juridiquement liés par une clause guillotine, qui prévoit qu'ils ne peuvent entrer en vigueur qu'ensemble. Si l'un des accords n'était pas prolongé ou était dénoncé, les parties ont la possibilité de déclarer caducs les autres".

La Suisse pourrait donc perdre ses relations économiques avec le marché européen. Et d'après la délégation de l'UE en Suisse, au plan économique, elle est de loin le principal partenaire commercial de la Suisse. Près de 80% des importations suisses proviennent de l’UE, et environ 60% des exportations helvétiques lui sont destinées.

Les entreprises suisses menacées

Autre conséquence importante: l'impact sur les entreprises suisses. La mise en place de quotas au sein des entreprises posera des problèmes bureaucratiques énormes. Les entreprises suisses risquent non seulement de perdre des compétences et d'être moins compétitives mais également de connaître une forme d'isolement.

Une étude de Credit Suisse publiée ce lundi montre que les sociétés suisses et étrangères qui envisagent des investissements (supplémentaires) en Suisse vont avoir tendance à retarder les décisions, à la fois sur les investissements et les embauches supplémentaires.

"Cette décélération de l'investissement pourrait réduire la production économique de 1,2 milliard, soit 0,3% du produit intérieur brut (PIB), durant les trois années précédant l'instauration de quotas".

Les analystes de la banque table sur 80.000 emplois de moins créés sur cette période.

Les instances européennes étaient déjà en train de se réunir ce lundi, nous dit-on à la Commission. Mais "les choses ne devraient pas être plus claires avant la fin de la semaine".

Diane Lacaze