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Espagne: de l’aide aux régions contre une perte d’autonomie

Si le Trésor espagnol aidait financièrement les régions, des contreparties seraient demandées.

Si le Trésor espagnol aidait financièrement les régions, des contreparties seraient demandées. - -

Après Valence dimanche, la région Catalogne, deuxième d'Espagne en termes de PIB, a annoncé ce 24 juillet son intention de faire bientôt appel à l'aide de Madrid. Mais cette assistance ne serait pas sans contrepartie.

Sur les 17 régions espagnoles, la Catalogne est l’une des plus riches, elle pèse pour un quart du PIB espagnol. Mais c’est aussi la plus endettée. Son déficit a atteint plus de 40 milliards d'euros en 2011. L’accès aux marchés est devenu délicat, or ses besoins de refinancements pour la fin 2012 atteignent plus de 13 milliards d'euros. C’est pourquoi le responsable de l’Economie de la région a confirmé ce mardi qu’elle étudiait l’option de solliciter Madrid.

C’est la deuxième région espagnole à formuler aussi clairement son besoin d’aide pour se financer. Valence, endettée à hauteur de 20 milliards d'euros en 2011, a demandé dimanche l’assistance de l’Etat.

Reste à savoir à quelles conditions le gouvernement espagnol accepterait d’aider financièrement ses provinces. Les analystes contactés par la rédaction reconnaissent qu’une telle situation est sans précédent dans le pays. Pour autant, ils considèrent que si Madrid se rendait au chevet de ces régions, celles-ci devraient en contrepartie accepter de faire des concessions sur leur autonomie.

Des dépenses de fonctionnement exponentielles

Il faut savoir qu’en Espagne les prérogatives des collectivités sont vastes. Elles sont en fait dirigées comme de petits pays dans le pays, dotées de leurs propres lois, leur propre politique économique. Une liberté qu’elles ont mises à profit pour augmenter leurs dépenses de fonctionnement et se lancer dans des investissements pharaoniques. L’éclatement de la bulle immobilière n’a fait que plomber davantage leurs comptes.

Si, pendant les deux dernières décennies, la décentralisation allait grandissante, ce mouvement pourrait donc subir un coup d’arrêt brutal. Comme nous l'expliquait un économiste, "qui paye, commande". Ainsi l'éducation, la santé, l'emploi, le développement économique, actuellement gérés au niveau régional, pourraient bientôt être pilotés depuis Madrid.

Jean-Baptiste Huet et BFMBusiness.com