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Et si le monde se lassait du made in China

Les exportations chinoises ont baissé de 15% en mars.

Les exportations chinoises ont baissé de 15% en mars. - Marc oh! - Flickr - CC

La Chine a connu une chute brutale et totalement inattendue de ses exportations en mars, tandis que les importations restent en berne, selon les statistiques officielles parues ce lundi.

L'atelier du monde peine à tenir le rythme. La Chine a vu ses exportations trébucher lourdement en mars, avec un recul inattendu de -15% sur un an, ont indiqué ce lundi 13 avril les douanes, tandis que ses importations piquaient à nouveau du nez, symptômes inquiétants pour la deuxième économie mondiale. Les exportations se sont affaissées à 886,83 milliards de yuans, soit 144,57 milliards de dollars, selon les statistiques officielles.

Ce repli confirme l'essoufflement d'un moteur de croissance traditionnel du géant asiatique, numéro un mondial des échanges de biens manufacturés. Contrastant avec une envolée de presque 50% en février sur un an, il prend de court les analystes interrogés par l'agence Bloomberg, qui tablaient en moyenne sur une hausse de 8,2%.

Demande internationale terne

Certes, pour les autorités, ce chiffre décevant reflète l'impact des longs congés du Nouvel an lunaire, intervenus fin février et durant lesquelles les entreprises cessent toute activité. Les usines augmentent leur production juste avant ces vacances, mais ne redémarrent ensuite que graduellement, a expliqué Huang Songping, porte-parole de l'administration des douanes. Mais même sans ce facteur, les exportations auraient baissé de -4,4% en mars, a-t-il admis, reconnaissant "une demande internationale terne" et un vif recul des commandes à l'exportation.

"Les avantages compétitifs traditionnels de la Chine s'émoussent", a-t-il aussi déploré, en allusion au renchérissement de la main-d'œuvre locale alors que s'aiguise la concurrence en Asie du Sud-Est.

"Le plongeon traduit probablement un contre-coup du Nouvel an, mais le commerce extérieur affiche globalement de piètres performances", diagnostiquent les analystes de la banque ANZ. Et de pointer des reculs de respectivement 8% et 19% des exportations vers les Etats-Unis et l'Union européenne (UE), les deux principaux partenaires commerciaux de la Chine.

La demande intérieure morose

Quant à la demande intérieure, le tableau demeure obstinément morose: les importations chinoises se sont à nouveau contractées le mois dernier, reculant de -12,7% à 141,49 milliards de dollars (-12,3% à 868,67 milliards de yuans). C'est moins que les plongeons d'environ 20% sur un an enregistrés en janvier puis en février -les plus forts depuis cinq ans-, mais on est loin d'une embellie. La baisse était plus prononcée que celle anticipée par les analystes (-11,3%).

Malgré la faiblesse de l'euro, les importations chinoises en provenance de l'UE ont chuté de 10% sur le trimestre, tandis que celles venant des Etats-Unis se réduisaient de -12,9%. "La Chine affrontera pour un certain temps un environnement général sombre et compliqué, et il faudra faire de gros efforts pour atteindre notre objectif annuel", a souligné Huang Songping.

N.G. avec AFP