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Etats-Unis : l'incertitude pèse sur l'emploi

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- - JOSH EDELSON / AFP

Net ralentissement des créations d'emploi en mai (75 000) face aux incertitudes internationales.

Les créations d'emplois aux Etats-Unis ont été très inférieures aux attentes en mai, les employeurs mettant un frein à l'embauche face aux incertitudes sur l'économie mondiale et les effets de la guerre commerciale. La première économie du monde n'a créé que 75.000 emplois au mois de mai là où les analystes s'attendaient à au moins 180.000. Le ralentissement s'est ressenti en particulier dans la santé, l'éducation et la construction, selon les chiffres publiés vendredi par le ministère du Travail.

Qui plus est, pour mars et avril, le ministère a enregistré 75.000 créations d'emplois de moins que ce qu'il avait initialement estimé. En revanche, le taux de chômage est resté inchangé à 3,6% comme en avril à son plus bas depuis fin 1969. 

La distribution a affiché une suppression nette de 8.000 emplois, alors que le secteur connaît des difficultés et que de nombreuses chaînes ont annoncé des fermetures de magasins.

Le ralentissement des créations d'emplois dans le secteur manufacturier se confirme aussi avec seulement 3.000 créations d'emplois au mois de mai. L'Alliance for American Manufacturing, un groupe de pression, souligne d'ailleurs dans un communiqué que ce serait "le bon moment de remettre sur les rails le plan d'investissement de 2.000 milliards de dollars dans les infrastructures et de trouver un accord commercial qui fasse sens avec la Chine pour rééquilibrer les échanges", écrit le président de l'Alliance, Scott Paul.

Cherche employés 

"Bienvenue dans le monde réel", note l'économiste Joel Naroff, qui estime que "toutes ces entreprises qui disaient qu'elles n'arrivaient pas à trouver de travailleurs qualifiés semblaient avoir dit la vérité et pas fait de l'infox". Pour lui, ces chiffre confirment ceux publiés plus tôt dans la semaine par la firme de gestion des fiches de paie ADP. Elle montrait que le mois dernier, la majorité des destructions d'emplois étaient intervenues parmi les petites entreprises de moins de 20 salariés. Elles n'ont pas la latitude des grandes sociétés pour rendre leurs offres d'emplois plus attractives.

"L'économie américaine n'est pas en chute libre, elle ralentit", souligne M. Naroff. Au mois de juillet, les Etats-Unis auront enregistré la plus longue période d'expansion de leur histoire.

Pour Kevin Hassett, conseiller économique de M. Trump, la croissance reste sur une tendance de 3% aux Etats-Unis. Il base son optimisme sur la croissance des revenus, qui encourage "beaucoup la consommation", a-t-il martelé sur CBNC. "C'est une police d'assurance", selon lui, la consommation des ménages représentant un moteur important de l'économie américaine.

La rémunération horaire moyenne a augmenté de 0,2% sur un mois et de 3,1% sur un an, bien plus rapidement que le rythme de l'inflation. C'est moins que ce que prévoyaient les analystes au regard d'une économie où les entreprises doivent faire assaut d'imagination pour attirer les employés.

Nuages noirs 

L'économie américaine a démarré 2019 sur les chapeaux de roues (+3,1% en rythme annuel au 1er trimestre) mais l'intensification de la guerre commerciale menée par Donald Trump et une inflation toujours au ralenti malgré le plein emploi inquiètent.

Cette semaine, le président de la Fed Jerome Powell a assuré qu'il surveillait "de près" les effets de l'intensification du conflit commercial et était, "comme toujours", prêt à agir "de manière à soutenir l'expansion" en abaissant les taux. Les marchés se sont empressés d'interpréter la déclaration du patron de la Fed comme un signal que l'institut d'émission n'écartait plus la possibilité d'une baisse des taux cette année.

Pour l'heure, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la hausse les prévisions de croissance 2019 et 2020 des Etats-Unis: +2,6% cette année (+0,3 point) et +2% (+0,1 point) l'an prochain, prenant acte d'une activité plus forte que prévu au premier trimestre.

"Les risques sont globalement équilibrés", a résumé l'institution de Washington dans son rapport annuel sur la première économie du monde. La guerre commerciale tous azimuts déclenchée par Donald Trump crée toutefois beaucoup d'incertitude.

Pour l'heure, les négociations avec la Chine sont dans l'impasse et la Maison Blanche n'a pas hésité à faire passer à 25% les tarifs douaniers sur 200 milliards de dollars de produits chinois importés, M. Trump jugeant que Pékin tente de revenir sur ses promesses.

Pire peut-être, la menace lancée par tweet la semaine dernière de frapper toutes les importations venues du Mexique d'une taxe de 5% --et jusqu'à 25% le 1er octobre--, si les autorités mexicaines ne stoppaient pas les immigrés d'Amérique centrale qui passent par son territoire pour demander l'asile aux Etats-Unis. Des négociations sont en cours dans la capitale américaine pour éviter l'entrée en vigueur des tarifs douaniers lundi.

La rédaction avec AFP