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États-Unis: le taux de chômage au plus bas depuis 10 ans

Chômage au plus bas aux États-Unis depuis 10 ans

Chômage au plus bas aux États-Unis depuis 10 ans - Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Le taux de chômage en mars aux États-Unis est descendu à son plus bas niveau en presque 10 ans même si les embauches ont été décevantes pour le deuxième mois de l'administration Trump, selon le rapport officiel sur l'emploi publié vendredi.

Bonne nouvelle pour l'emploi américain. Le taux de chômage aux États-Unis a reculé à 4,5% (-0,2 pt), son plus bas niveau depuis mai 2007, selon le rapport officiel sur l'emploi publié ce vendredi. Les analystes tablaient initialement sur un taux de chômage stable à 4,7%.

Mais l'économie n'a créé que 98.000 emplois après 219.000 en février (chiffre révisé en baisse), décevant les attentes qui étaient de 180.000. Ce sont les plus faibles embauches nettes depuis dix mois. Cette dichotomie entre la baisse du taux de chômage et l'affaissement des nouvelles embauches a surpris plus d'un analyste. Elle est quelque peu accentuée par le fait que ces chiffres sont issus de deux enquêtes différentes, l'une portant sur les travailleurs (chômage), l'autre sur les entreprises (créations d'emplois).

Des températures plus froides en mars, les difficultés du secteur de la distribution et l'arrivée plus modeste de nouveaux entrants sur le marché de l'emploi expliquent aussi cette différence. Mais même à 98.000, les créations de postes restent solides car il faut environ 100.000 nouveaux emplois mensuels pour éviter une hausse du taux de chômage, à évolution égale de la population. Pour Paul Ashworth, économiste de Capital Economics, la limitation des créations d'emplois est "d'abord due aux conditions climatiques". "Après le temps exceptionnellement doux en janvier et février, qui a poussé les créations d'emplois au-dessus de la barre des 200.000, il fallait qu'on le paye en mars quand les températures ont retrouvé leurs normes de saisons", a-t-il expliqué.

Des secteurs plus dynamiques que d'autres

Les secteurs favorisés par les mesures de Donald Trump, comme les mines, ont continué d'embaucher, créant 11.000 emplois nets pour le 2e mois consécutif. Mais ce léger rebond, observé aussi du côté du secteur manufacturier (+11.000 pour la fabrication de biens durables, dont 3.000 pour les constructeurs automobiles) n'a pas compensé les réductions d'embauches dans les autres domaines. Le secteur des services, toujours le plus dynamique, a créé deux fois moins de nouveaux emplois (61.000) que le mois d'avant. La distribution, où plusieurs chaînes de grands magasins ont des difficultés à s'adapter à l'offensive du commerce en ligne, a massivement détruit des emplois (-30.000 deux mois de suite). Le bâtiment, affecté par un climat plus hivernal et un épisode de tempête dans l'est du pays, a vu les nouvelles embauches tomber à 6.000 après +59.000 en février.

Ceux qui ne trouvent que des emplois à temps partiel restent nombreux à 5,6 millions, ce qui est largement supérieur au niveau d'avant la crise (3,9 millions en avril 2006). Pour Rob Martin de Barclays Research, "la faiblesse du rapport pose un risque pour les perspectives économiques à court terme" renforçant la possibilité d'un ralentissement de l'activité. Paul Ashworth estime, lui, que cela ne va pas empêcher la Réserve fédérale (Fed), qui est sur une trajectoire de resserrement de sa politique monétaire pour prévenir une surchauffe, de relever les taux d'intérêt au mois de juin.

Le salaire moyen quasi-stable

Car le taux de chômage a reculé plus rapidement le mois dernier, vu le peu de nouveaux entrants sur le marché du travail et alors que le taux d'activité a stagné à 63%. Il est parvenu avant l'heure au seuil de 4,5% qui est la prévision de la Réserve fédérale (Fed) pour 2017. Cela correspond quasiment au plein emploi, c'est-à-dire le taux de chômage dit "naturel" qui est nécessaire pour assurer la transition de la main d'oeuvre entre deux emplois, sans provoquer de surchauffe des salaires.

Une mesure plus large du taux de chômage, l'"U6", qui comprend ceux qui ne trouvent pas un poste à temps plein et ceux qui en cherchent un de façon irrégulière, est tombé à 8,9% contre 9,2%. Cette mesure, souvent utilisée par Donald Trump pendant la campagne pour caractériser le "vrai" taux de chômage, glisse à son plus bas niveau en neuf ans et demi. Malgré l'étroitesse du marché de l'emploi, le salaire horaire moyen n'a pas vraiment accéléré, augmentant de 5 cents, soit de 2,7% sur l'année, à peine au-dessus de l'inflation.

P.L avec AFP