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Quand les Etats-Unis seront premier producteur de pétrole au monde…

L'exploitation des gaz et huiles de schiste aux Etats-Unis a eu un impact économique immédiat

L'exploitation des gaz et huiles de schiste aux Etats-Unis a eu un impact économique immédiat - -

Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie assure que les Etats-Unis vont devenir premier producteur mondial de pétrole d’ici à huit ans. Les conséquences économiques et géopolitiques seront vastes.

Incroyables conclusions de ce rapport de l’AIE, publié le 12 novembre. Trois dates à retenir, donc, selon l’agence. La première, c’est 2020, année à partir de laquelle les Américains deviendront premier producteur mondial de pétrole, devant la Russie, devant l’Arabie Saoudite. Puis en 2030, les Etats-Unis deviennent exportateurs nets. En 2035 enfin, l’Amérique touche, du moins frôle, l’indépendance énergétique.

C’est une révolution : depuis les années quarante, ce pays n’a cessé d’importer de l’énergie. Une telle évolution s’explique en premier lieu par le progrès technique. Pour 55%, cette mutation est liée à l’exploitation des gaz et des huiles de schiste. Principalement les huiles, qui sont finalement du pétrole, où des progrès colossaux sont encore possibles. Et 45% est dû aux économies d’énergie, notamment grâce à la mise au point de moteurs de moins en moins voraces en carburant.

La montée en puissance de ces énergies non-conventionnelles est devenue le ressort de la compétitivité américaine. L’impact économique en termes d’emplois et de pouvoir d’achat a été immédiat. 600 000 postes, environ, ont vu le jour pour exploiter les gaz et huiles de schiste.

Des relations internationales réécrites

Philippe Crouzet, le patron de Vallourec, rappelait ainsi mardi sur BFM Business que le Dakota du Nord, qui n’avait jamais produit ni pétrole, ni gaz, sort aujourd’hui 700 000 barils de pétrole de schiste par jour. Même si certains Etats américains ont interdit l’extraction de ces énergies, plus de 3000 milliards d’investissements sont attendus d’ici 2035 dans ce secteur.

A plus long terme, à partir du moment où les Etats-Unis seront autonomes, producteurs de leur propre énergie, ils en achèteront moins. Et s’ils importent moins, ils réduiront considérablement le déficit du commerce extérieur.

Autre conséquence, cette fois d’ordre géopolitique : un pays qui devient indépendant sur le plan énergétique renforce sa souveraineté, se libère de la pression de ses fournisseurs, notamment du Moyen-Orient.

Si les Etats-Unis n’avaient pas été aussi dépendant du pétrole et du gaz arabes, les relations internationales de ces quarante, cinquante dernières années se seraient probablement écrites de manière complètement différentes. Jimmy Carter avait déclaré haut et fort que l’Amérique était prête à tout type de conflit pour assurer l’approvisionnement en énergie du pays, notamment avec le Moyen-Orient.

L’agence formule toutefois quelques mises en garde à propos des énergies contenues dans les roches de schiste. Elle dit ainsi qu’il faut mettre en place une réglementation, et prendre toutes les précautions nécessaires en matière de risques environnementaux. Car ils existent, dit l’AIE. Encore une fois, conclut-elle : la meilleure solution reste l’économie d’énergie. Parce que l’énergie qu’on ne consomme pas reste la moins chère de toutes.

Nicolas Doze