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Euro: ceux qui en veulent et ceux qui traînent des pieds

L'euro ne fait pas l'unanimité au sein des pays destinés à rejoindre l'union monétaire

L'euro ne fait pas l'unanimité au sein des pays destinés à rejoindre l'union monétaire - -

La crise chypriote et les turbulences que connaît l'Union monétaire n'empêchent pas les pays baltes de vouloir intégrer la zone euro. D'autres états européens sont au contraire réticents. Qui sont les uns et les autres.

La zone euro traverse actuellement une nouvelle zone de turbulences. Après avoir été secouée par les élections italiennes, l'Union monétaire fait désormais face au casse-tête chypriote.

Et pourtant, certains pays de l'UE ont hâte d'adopter l'euro. D'autres, au contraire, semblent vouloir retarder au maximum l'échéance.

> L'enthousiasme des pays baltes

La Lettonie et la Lituanie semblent trépigner d'impatience pour emboîter le pas à leur voisin estonien, qui a adopté l'euro en 2011.

La première a ainsi formulé, le 4 mars dernier, sa demande d'adhésion à l'euro pour 2014. Le pays a plusieurs atouts: la croissance la plus forte de l'Union européenne (5,1% sur un an au quatrième trimestre 2012) et une économie qui a fait face à une importante crise, en 2009, lorsque son PIB a fondu de 18%. De ce fait, le pays a subit une sévère cure d'austérité en échange d'un plan d'aide du FMI de 1,2 milliard d'euros. La Lituanie, elle, projette d'adopter l'euro en 2015.

Laurent Weill, professeur d'économie à l'Université de Strasbourg, explique que "dans les pays baltes, le secteur privé a contracté beaucoup de prêts en devise étrangère, notamment en euro", ce qui peut expliquer l'empressement de ces pays.

> La Pologne et la Roumanie dans l'attente

La Roumanie compte intégrer la zone euro, mais elle va devoir patienter. Le 12 mars dernier, le président Traian Basescu a déclaré devant le Parlement Roumain qu'intégrer l'intégration en 2015 était "infaisable". "Mais il est essentiel pour nous d'adopter la monnaie unique dans les trois à quatre ans", ajoutait-il.

De son côté, la Pologne est partagée. Varsovie ne souhaite pas être marginalisée en restant à l'écart de l'euro."La Pologne doit faire un choix: celui de faire partie du cœur de l'Europe, dans lequel la monnaie unique sera au centre, ou de devenir un Etat périphérique doté de sa propre devise", affirmait le Premier ministre Donald Tusk, en décembre dernier.

Mais dans le même temps, le pays doit composer avec 60% d'opinions défavorables à la monnaie unique. La Pologne a également décidé d'observer l'évolution de la crise en zone euro."On ne sait pas comment la crise actuelle va évoluer (...) on ne rentre pas dans une maison qui pourrait peut-être s'écrouler", expliquait son président, Bronislaw Komorowski. La Pologne attendra 2015 pour définir une échéance.

> La République Tchèque, la Bulgarie et la Hongrie pas pressées

La République tchèque est clairement l'un des pays les moins enclins à adopter l'euro. Selon le dernier baromètre d'Eurostat, 80% des Tchèques refusent l'euro. La population craint de devoir participer au sauvetage de zone euro. "Les Tchèques se plaignent de devoir payer pour les Grecs", résume Laurent Weill.

Ce dernier rappelle toutefois que le pays a élu en janvier un nouveau président de la République, Milos Zeman, ancien chef de la gauche, en remplacement de l'eurosceptique Vaclav Klaus. "Il a peu de pouvoir, mais il nomme le président et le comité exécutif de la banque centrale", ce qui lui permet d'influencer la politique monétaire, souligne Laurent Weill. "Les choses vont graduellement évoluer", conclut-il. Zeman a déjà suggéré 2017 comme possible date d'entrée dans la zone euro.

La Hongrie, elle non plus, n'a pas hâte. Son controversé président, Viktor Orban, a déjà assuré qu'il est "irréaliste", et "irresponsable" pour Budapest, de vouloir rejoindre l'euro avant 2020."Nous ne ferons pas la même erreur que les pays du Sud", déclarait-il.

Enfin la Bulgarie a décidé d'attendre "que la poussière se disperse", selon les mots de son ministre des Finances, Simeon Djankov citée par Bloomberg, le 15 février dernier, faisant alors référence à la crise de l'euro. En septembre 2012 il indiquait ne "pas voir dans l'immédiat les bénéfices d'une entrée dans l'euro, mais seulement les coûts".

Julien Marion