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Chypre va devoir trouver tout seul 13 milliards d'euros

Chypre se prépare à voir son économie être frappée de plein fouet

Chypre se prépare à voir son économie être frappée de plein fouet - -

Les ministres des Finances de la zone euro, ont validé le plan d'aide de 10 milliards d'euros au pays. Mais de nombreuses questions se posent: le pays doit en effet trouver, de lui-même non plus 7 mais 13 milliards d'euros.

La situation des pays sous assistance financière est, encore une fois, à la Une de l'agenda de l'eurogroupe, la réunion à Dublin, des ministres des Finances de la zone euro, puis de l'Ecofin, qui regroupe ceux de l'Union européenne, ce vendredi 12 avril.

Outre le Portugal et l'Irlande, qui devraient voir leurs plans d'aide réaménagés, les Européens se penchent, une nouvelle fois, sur le cas Chypriote.

Dans un premier temps, l'Eurogroupe a ainsi validé les modalités du plan de sauvetage décidé par Nicosie et ses partenaires européens en mars dernier avant dernière étape avant que le Mécanisme européen de stabilité ne se prononce dessus, le 24 avril prochain.

Mais les ministres des Finances n'ont pas précisé comment l'île va pouvoir trouver d'elle-même l'argent qu'il lui faut pour se remettre sur pied. La veille, Christos Stylianides, porte-parole du gouvernement, a, en effet, annoncé que les fonds nécessaires pour renflouer le pays n'étaient plus de 17 milliards, comme prévu par le plan d'aide, mais de 23 milliards d'euros, soit une hausse de 35%.

Des épargnants encore plus touchés

Or, l'Union européenne et le FMI ne se sont engagés à fournir que 10 milliards d'euros d'aide à l'île. Ils ont d'ailleurs souligné qu'il était hors de question de dépasser ce montant.

Nicosie devra trouver par elle-même le reste de la somme, c'est à dire non plus 7 mais 13 milliards d'euros. Le pays a d'ailleurs demandé, non plas plus d'argent, mais "une aide renforcée" de la part de la Commission européenne.

Chypre devra compter sur de nombreuses mesures de rigueur, et surtout, la restructuration de son secteur bancaire pour parvenir à réunir les 13 milliards d'euros. C'est sur ce dernier point que l'effort devrait être encore plus poussée.

Il est prévu que les clients des deux plus grands banques, Bank of Cyprus et la Laïki Bank, cette dernière devant être mise en faillite, essuient de lourdes pertes sur leurs dépôts supérieurs à 100.000 euros.

Des chiffres allant de 30 à 60 % était auparavant avancés. Mais avec cette nouvelle situation, le sacrifice sera bien plus lourd: la ponction prévue, au total, doit, en effet, passer de 5,8 milliards à 10,6 milliards d'euros.

Une importante récession

L'équation est d'autant plus compliquée que le mémorandum (rapport officiel) du plan d'aide, prévoit un avenir sombre à Chypre. Du fait de la restructuration des banques, le PIB va baisser de 8,7% en 2013 et de 3,9% en 2014. Ce qui fera d'autant moins de rentrées fiscales pour tenir les objectifs budgétaires imposés par ses voisins européens (voir chiffres, à côté).

Le plan de sauvetage de Nicosie avait, en mars, montré un peu plus la difficulté des Européens à parler d'une même voix. Le chef de file de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, en avait été le meilleur exemple, avec un spectaculaire rétropédalage qui avait provoqué l'incompréhension, voire la colère de ses partenaires européens, le président de la BCE, Mario Draghi, en tête.

Cette hausse des besoins de financement risque de poser encore la question du coût du plan de sauvetage des pays de la zone euro pour l'Union européenne.

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Julien Marion