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Les expropriations, le nouveau dilemme de la Chine

Les expropriations des paysans chinois permettent d'assouvir la soif de construction du pays, mais les mouvements de contestations se multiplient.

Les expropriations des paysans chinois permettent d'assouvir la soif de construction du pays, mais les mouvements de contestations se multiplient. - -

Quatre millions de paysans sont privés de leurs terres chaque année en Chine. Des expropriations qui permettent le développement urbain du pays, mais qui font monter la grogne des habitants contre le gouvernement. Il a décidé de réagir.

Pékin veut en finir avec les expropriations sauvages en Chine. Le ministre chinois des ressources foncières a émis une circulaire urgente exigeant des gouvernements locaux la fin de ces expropriations, sous peine de lourdes sanctions: "Les actes illicites d'acquisition foncière par la force doivent être sévèrement punis".

Moteur du développement et objet de contestation

Le gouvernement a fait connaître cette circulaire dans la presse officielle, une manière de répondre aux tensions sociales de plus en plus exacerbées sur la question. L'urgence de la contestation pousse Pékin à réagir contre une méthode pourtant très lucrative et place le gouvernement chinois face à un vrai dilemme.

Les expropriations sont à la fois moteur du développement et le vecteur de la contestation sociale. Pour construire un immeuble ou un centre commercial, bref pour nourrir l'urbanisation fulgurante du pays, chaque année, quatre millions de paysans sont dépossédés de leur terre contre de faibles compensations.

100 à 150 émeutes par jour

D'après une étude américaine de l’université du Michigan, réalisée en 2011, les autorités locales rachètent ces terres en moyenne 43 fois moins chère qu'elles ne les revendent aux promoteurs. C'est la principale source de revenu pour les villes. Sans compter les très nombreux habitants expropriés, cette fois violemment et tout à fait illégalement, par les promoteurs eux-mêmes.

Depuis trois ans, les tensions sociales se cristallisent autour de la question et pousse le nouveau gouvernement à y remédier. Il y a, chaque jour, en Chine, entre 100 et 150 émeutes liées aux expropriations. Cela va du simple sit-in, à la prise en otage parfois pure et simple des forces de l'ordre par les habitants.

Matthieu Moulin