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Face au duopole Chine/Etats-Unis, combien de divisions pour l’Europe

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L’Europe même si elle a essayé de parler d’une seule voix apparaît sur la scène internationale assez marginalisée.

Le G20 qui s’est tenu à Buenos Aires les 30 novembre et 1er décembre derniers a entériné que le monde était dirigé par un duopole, les Etats-Unis et la Chine. Leurs présidents respectifs, Donald Trump et Xi Jinping, se sont entendus directement sur la question des droits de douane. Ils ont décidé une trêve commerciale d’une durée de 90 jours. Les Américains renoncent le passage des droits de 10 à 25% portant sur 200 milliards de dollars d’importation, le temps de l’éventuelle négociation d’un accord commercial. De la sorte, les deux premières puissances économiques négocieront en-dehors du cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce.

L’Europe même si elle a essayé de parler d’une seule voix apparaît sur la scène internationale assez marginalisée. Entre la fin de règne d’Angela Merkel, les difficultés financières de l’Italie, les problèmes sociaux de la France, le Brexit, l’Europe n’est pas au mieux de sa forme. Cette situation se traduit au niveau financier. Les marchés « actions » européens sont à la peine depuis des mois. Les indices sont loin d’atteindre les niveaux attendus par les analystes en début d’année.

La segmentation du marché financier européen et donc son manque de profondeur et l’aversion aux risques des épargnants expliquent, en partie, cette faiblesse devenue structurelle. Les places financières européennes sont handicapées également par le nombre réduit des valeurs technologiques ainsi que par la surreprésentation des valeurs financières. Ces dernières n’ont pas encore surmontées la crise de 2008 et celle de 2012 des dettes souveraines.

En France, le caractère non assumé de la nécessité de supprimer l’ISF rend difficile la réallocation de l’épargne vers des placements longs. A la moindre difficulté, la tentation d’alourdir la fiscalité du patrimoine réapparaît. Or, en 2017, cette fiscalité comptait parmi les plus élevés de l’OCDE. Les mesures d’Emmanuel Macron permettent simplement un retour dans la moyenne. Si la proposition de plusieurs députés de La République en Marche de réinstauration de l’ISF était approuvée, la France perdrait sur de nombreux tableaux.

Une fois de plus la passion et l’instabilité fiscale l’emporteraient. Mais, la solution pour la croissance de la France passe par plus d’Europe, pas l’indispensable création d’un budget de la zone euro et de fonds d’intervention pour venir en appui aux pays traversant des difficultés temporaires.

Philippe CREVEL