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Facebook: ce qu'il faut retenir de l'audition de Zuckerberg au Congrès

Le PDG de Facebook a répondu mardi pendant cinq heures aux questions des sénateurs américains au congrès. Voici ce qu'il faut retenir de cette première "mise sur le grill".

Mark Zuckerberg se retrouvait sur le grill au Sénat américain, confronté à des parlementaires très remontés contre Facebook après que le groupe a admis que Cambridge Analytica a utilisé les données de 87 millions d'utilisateurs à des fins de manipulation politique.

Lors de cette première apparition (une deuxième est prévue ce mercredi), le jeune dirigeant a fait face aux nombreuses questions des sénateurs qui lui ont demandé des comptes sur sa gestion des mauvais usages de la plateforme, de la protection des données jusqu'à la manipulation politique.

> "C'est mon erreur, je suis désolé"

Mark Zuckerberg a de nouveau présenté ses excuses personnelles pour ne pas avoir compris à temps à quel point Facebook pouvait être détourné de bien des façons. "C'était mon erreur. Je suis désolé". "Cela prendra du temps pour mener à bien tous les changements nécessaires" pour limiter ces mauvais usages, a-t-il ajouté. "Un de mes plus grands regrets c'est que nous avons été lents pour identifier" les ingérences étrangères via le réseau dans la campagne, a-t-il dit.

> Zuckerberg n'aimerait pas que l'on révèle ses informations personnelles

"Seriez-vous à l'aise à l'idée de partager avec nous le nom de l'hôtel dans lequel vous avez séjourné la nuit dernière ?", a demandé de but en blanc un sénateur démocrate au jeune dirigeant. Surpris mais visiblement amusé, Mark Zuckerberg a répondu "hum, heu ... non", suscitant les rires de l'assistance. Et "si vous envoyiez un message à quelqu'un cette semaine, partageriez-vous avec nous les noms des personnes destinataires ?", a aussi demandé l'élu. "Non, je ne choisirais sans doute pas de partager cela avec vous ici", a répondu Mark Zuckerberg.

"Je pense que l'on est au coeur du sujet: le droit à la confidentialité, les limites du droit à la confidentialité. C'est la question de savoir quelles informations Facebook collecte, à qui il l'envoie et s'il a demandé au préalable l'autorisation de le faire", a rétorqué le sénateur. "Je pense que tout le monde devrait pouvoir contrôler la façon dont leurs informations sont utilisées", a assuré en réponse Mark Zuckerberg.

> Facebook "travaille" avec les autorités sur les interférences russes

Un sénateur a demandé au PDG de Facebook si lui-même ou un responsable de Facebook avait ou allait être interrogé par Robert Mueller, le procureur spécial qui enquête sur de possibles interférences venues de Russie destinées à peser dans l'élection présidentielle américaine de 2016. Mark Zuckerberg a répondu: "je ne suis pas au courant d'une convocation mais je sais que nous travaillons avec eux".

> "Une course aux armements" contre la Russie pour protéger les données

"Il y a des gens en Russie dont le travail est d'exploiter nos systèmes et autres systèmes internet aussi. Donc c'est une course aux armements" concernant la protection des données et la manipulation politique, a-t-il affirmé.

> Des questions sans réponse

De nombreux élus ont fait part de leur "scepticisme" devant les réponses de Zuckerberg, qui à de nombreuses reprises a répondu "je ne sais pas". "Durant cette audition, vous avez été interrogé sur de nombreuses questions cruciales, auxquelles vous n'avez pas de réponse", lui a notamment lancé la sénatrice Kamala Harris.

Visiblement fatigué par le feu roulant des questions, le PDG a notamment peiné à justifier pourquoi le réseau n'avait pas suspendu dès 2015 Cambridge Analytica, ni prévenu le régulateur du commerce, ni les utilisateurs que leurs données avaient été détournées. "Nous aurions pu les suspendre" en 2015, "nous avons fait une erreur", a-t-il dit, ajoutant avoir été certain à l'époque que le sujet était clos lorsque la firme leur avait assuré avoir effacé les données. "Nous n'aurions pas dû nous contenter de leur réponse", a-t-il encore concédé.

> Facebook n'est pas un monopole

À un sénateur qui lui demandait si le réseau aux deux milliards d'utilisateurs n'était pas un monopole, Mark Zuckerberg a répondu "je n'ai pas cette impression", sans toutefois parvenir à nommer un concurrent à Facebook.

Il a également, comme il l'avait déjà fait, laissé entendre qu'il n'était pas opposé à une forme de "réglementation" des groupes internet, évoquée par de nombreux élus pendant l'audition "si elle était bonne".

> "Il y aura toujours une version de Facebook qui sera gratuite"

Interrogé sur le point de savoir si Facebook, le plus grand réseau social mondial, sera toujours gratuit, Mark Zuckerberg a répondu: "Il y aura toujours une version de Facebook qui sera gratuite. C'est notre mission de connecter les gens partout dans le monde et de les rapprocher et pour ce faire nous estimons que nous devons apporter un service que tout le monde peut s'offrir".

N.G. avec AFP