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Le FESF emprunte à son tour à des taux négatifs

Les marchés ont logiquement plébiscité l'émission à court terme du FESF.

Les marchés ont logiquement plébiscité l'émission à court terme du FESF. - -

Le fonds de secours européen a levé 1,5 milliard d’euros à six mois  pour un taux moyen négatif de 0,0113%. Les investisseurs continuent à rechercher la sécurité.

La logique est respectée. Après l’Allemagne et la France, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) a lui aussi emprunté à des taux négatifs à court terme. Mardi 17 juin, le Fonds a levé 1,5 milliard d’euros à six mois pour un taux moyen de -0,0113%. Cela signifie que les investisseurs sont prêts à perdre de l’argent pour placer leurs liquidités sur des titres de dette émis par le FESF. 

Cela a beau être "une première", comme l'indique Frédéric Potelle, directeur de la recherche de Bordier et Cie, ce n'est pas étonnant. Le Fonds est alimenté par les pays de la zone euro, France et Allemagne étant ses plus gros contributeurs, à hauteur de 50%.

Il bénéficie ainsi à plein de la qualité de leur signature. Il va ainsi pouvoir, comme c’est sa fonction, redistribuer l'argent levé aux pays dont l'accès au financement est devenu délicat.

"C’est cohérent avec les marchés actions, poursuit Frédéric Potelle, les investisseurs reviennent sur le marché mais à reculons. Ils cherchent encore la sécurité et restent prudents." En conséquence, ceux-ci continuent à se ruer sur les actifs jugés sûrs. C’est ce qui a permis à Paris et Berlin d’emprunter à des taux négatifs lors de leurs dernières émissions à court terme.

La confiance pourrait tourner à la défiance

"On sait que dans la zone euro, grâce aux opérations exceptionnelles de la BCE, les liquidités sont abondantes et sont réinvesties sur des titres souverains", ce qui tire la demande sur ces produits, explique pour sa part Natacha Valla, économiste chez Goldman Sachs.

Elle estime qu’actuellement, les investisseurs distinguent deux entités en zone euro: d'un côté ce qu'ils considèrent être le noyau dur, composé de l'Allemagne et de la France, jugées solides, de l'autre la périphérie, avec l'Italie et l'Espagne, qui continuent d’emprunter à des taux élevés. Pour l’économiste, les taux négatifs consentis par les investisseurs aux émissions du FESF montrent qu'"en moyenne, la confiance l’emporte sur la défiance".

Peut-être pas pour longtemps. Natacha Valla s’attend à ce que les taux d'emprunt de l’Allemagne, de la France, et du FESF recommencent à augmenter si les investisseurs estiment que le sauvetage de pays en difficulté devient trop coûteux.

Julien Marion