La fin des billets de 500 euros ?
Acheter une Mercedes en liquide pourrait bientôt ne plus être possible. La Commission européenne a déposé, mardi 5 février, un projet de directive pour abaisser le plafond de règlement en espèces de 15 000 à 7 500 euros. Les paiements au-delà de ce seuil seraient rendu "suspects" et rentreraient dans le champ d'application du Groupe d'action financière (Gafi).
Bruxelles veut ainsi lutter contre le trafic et le blanchiment d’argent, et les fraudes fiscales. Mais Berlin pourrait s’opposer au projet. L’utilisation d’espèces, et précisément de grosses coupures, dans les paiements est un point d’affrontement récurrent entre Paris et Berlin.
La préférence allemande pour les espèces
Pour les Français, le projet ne changerait pas grand-chose. La limite de paiement en espèces est déjà fixée à un seuil bien inférieur : 3 000 euros, voire 1 500 euros s’il s’agit d’un salaire. Mais en Allemagne, l’idée pose problème.
Peu adeptes des cartes de crédit et complètement étrangers aux chèques, les Allemands sont habitués à régler en liquide, et 80% des paiements se font en espèces. Pour preuve de la grande circulation des espèces outre-Rhin : 43,2% de l’argent fiduciaire créé dans la zone entre 2002 et 2009 provient de l’Allemagne. La France, elle, n’a produit que 9,5% de la monnaie émise sur la même période.
L’attachement allemand à l’argent liquide s’explique pour des raisons tant historiques que culturelles, la protection des données personnelles étant un thème très sensible outre-Rhin. Nombreux sont ceux ont peur de voir leurs achats par carte bancaire suivis à la trace.
Le billet de 500 euros, moyen de paiement ou de blanchiment ?
Mais plus que le réglement en espèces, les grosses coupures elle-mêmes posent problème dans les affaires de blanchiment d'argent. Paris remet ainsi en question l'existence des coupures de 500 euros. La France l'a fait dans un communiqué destiné à la Commission européenne et émanant début décembre du ministère de l’Economie.
En 2009 déjà, un rapport de l’Assemblée nationale préconisait sa disparition. Un autre rapport, de la commission d'enquête du Sénat sur l'évasion des capitaux, rendu public en juillet 2012, expliquait qu'"on ne résoudra pas tous les problèmes en supprimant ce billet, mais il faut reconnaître qu’il pose un problème". Alors que la valeur du plus gros billet vert n’atteint que 100 dollars, nos billets violets auraient la faveur des trafiquants, qui peuvent transporter de plus grandes sommes dans des volumes réduits.
Seulement voilà, les billets de 500 euros ont été voulus, à l’origine, par l’Etat allemand, qui produit près de 50% des coupures de ce type injectées dans l’économie européenne. Les billets de 500 euros représentent près de 300 milliards d’euros, soit un tiers des 900 milliards d’euros en circulation en 2012.
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