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FMI : la bulgare Kristalina Georgieva désignée candidate par l’UE

Kristalina Georgieva

Kristalina Georgieva - Yasuyoshi CHIBA / AFP

Les gouvernements de l'UE ont désigné vendredi la Bulgare Kristalina Georgieva comme leur candidate pour prendre la tête du FMI. Une désignation au terme d'un vote serré qui a révélé les divisions au sein des pays membres.

Il aura donc fallu une longue journée de votes et de négociations. La conservatrice Georgieva, actuelle numéro deux de la Banque mondiale, s'est finalement imposée lors du 2e tour de scrutin face à son adversaire, le social-démocrate néerlandais Jeroen Dijsselbloem, ancien président de l'Eurogroupe.

« Mme Georgieva est désormais la candidate des pays européens. Nous allons tous soutenir sa candidature » a affirmé vendredi soir le ministre français des Finances. Bruno Le Maire avait organisé le vote après avoir constaté la veille qu'aucun candidat ne disposait du soutien nécessaire, une procédure inédite au sein de l'UE pour désigner son candidat au FMI.

La Bulgare, soutenue par Paris, a obtenu l'appui de 56% des pays représentant 57% de la population de l’UE dans la course à la succession au FMI de Christine Lagarde, qui prendra cet automne la présidence de la Banque centrale européenne. « C'est un honneur d'être désignée comme une candidate pour le rôle de directeur général du FMI », a réagi dans un tweet Kristalina Georgieva, qui a souligné qu'elle se mettait en congé administratif de la Banque mondiale durant le processus de nomination. Le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, qui lui était soutenu par Berlin, a félicité son adversaire et lui a souhaité sur Twitter « le plus grand succès ».

Au cours de la journée, trois autres candidats s'étaient retirés de la course: l'actuel président de l'Eurogroupe, le Portugais Mario Centeno, le gouverneur de la banque de Finlande Olli Rehn, et la ministre espagnole des Finances Nadia Calvino.

Reste toutefois un problème à régler. La candidate européenne doit désormais obtenir une dérogation du FMI, dont les règles stipulent que le prétendant ne peut avoir plus de 65 ans. Or la Bulgare fêtera ses 66 ans le 13 août, avant que les pays membres du FMI ne fassent leur choix d'ici le 4 octobre. « Il faudrait donc que les autres pays fassent une exception pour elle et ce n'est pas gagné », ont prévenu des sources à l’AFP qui affirment que le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin aurait promis de soutenir cette exception.

Des divisions au sein de l'UE

Ce vote a révélé aussi les profondes divisions au sein de l'UE entre les pays du Nord et ceux du Sud, qui reprochaient à Jeroen Dijsselbloem des propos controversés tenus il y a deux ans. Il avait accusé les pays méditerranéens de dilapider leur argent en « schnaps » et en « femmes ».

Au final, le choix des Européens s'est donc porté sur la candidate des pays de l'Est, qui n'avaient pas obtenu de poste important après les élections européennes, la France obtenant la présidence de la BCE, l'Allemagne celle de la Commission et l'Italie celle du Parlement.

Sa candidature n'a pas le soutien de tous et le consensus a été obtenu au forceps. « Cela peut inciter d'autres prétendants à se lancer », a prévenu une source à l'AFP. Elle a notamment cité l'actuel gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, qui cumule une triple nationalité britannique, canadienne et irlandaise, et « qui dispose d'un très bon réseau au sein du FMI ». Les pays émergents sont aussi aux aguets. Ils réclament depuis des années une meilleure représentation au sein des institutions internationales.

Depuis sa création en 1944, le FMI a toujours été dirigé par un Européen, alors qu'un Américain a toujours été nommé à la tête de la Banque mondiale

Sandrine Serais