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La France et l'Allemagne haussent le ton face à la Grèce

Le Fonds monétaire international (FMI) a fait savoir qu'il avait accéléré les discussions avec la Grèce sur un plan d'aide afin de s'assurer qu'elles soient conclues dans les temps par rapport aux besoins de financement du pays. /Photo prise le 23 avril 2

Le Fonds monétaire international (FMI) a fait savoir qu'il avait accéléré les discussions avec la Grèce sur un plan d'aide afin de s'assurer qu'elles soient conclues dans les temps par rapport aux besoins de financement du pays. /Photo prise le 23 avril 2 - -

La France et l'Allemagne ont mis leurs conditions, ce dimanche, à l'octroi d'une aide européenne à la Grèce alors que des...

par Noah Barkin

BERLIN (Reuters) - La France et l'Allemagne ont mis leurs conditions, dimanche, à l'octroi d'une aide européenne à la Grèce alors que des doutes émergent sur la capacité des 45 milliards d'euros prévus à sauver le pays la faillite.

Athènes a cédé vendredi à la pression des marchés en demandant l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, augurant d'un renflouement potentiellement sans précédent.

Criblée de dettes, la Grèce a déjà annoncé un arsenal de mesures d'austérité, dont une hausse de la TVA et une baisse des salaires des fonctionnaires. Mais elle va devoir consentir des sacrifices supplémentaires pour répondre aux exigences de l'UE et du FMI et ainsi obtenir l'aide promise.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a prévenu dimanche qu'il était impératif que la Grèce restructure son économie pour obtenir le feu vert de Berlin et de Bruxelles.

"Le fait que ni l'UE, ni le gouvernement allemand n'aient pris de décision (sur l'octroi de l'aide) signifie que la réponse peut être positive aussi bien que négative", déclare le ministre dans l'édition dominicale du Bild.

"Tout dépend si la Grèce va poursuivre dans les années qui viennent la stricte politique d'économies qu'elle a engagée. J'ai été très clair avec le ministre grec des Finances sur ce point", ajoute-t-il.

Son homologue française, Christine Lagarde, a déclaré de son côté que les Européens seraient solidaires mais pas complaisants à l'égard de leur voisin en difficulté.

Dans une interview au Journal du Dimanche, elle décrit le mécanisme d'aide conjoint de l'UE et du FMI comme un "cocktail d'indulgence et de grande exigence", ajoutant que les partenaires de la Grèce seront extrêmement attentifs aux résultats obtenus par Athènes dans la remise en ordre de ses finances publiques.

LE FMI ACCÉLÈRE LES DISCUSSIONS AVEC ATHÈNES

"Nous ne décaisserons pas l'intégralité des sommes tout de suite. Nous le ferons au fur et à mesure des besoins et en cas de défaut de paiement, nous mettrons aussitôt le pied sur la pédale de frein", précise-t-elle.

L'Allemagne et la France devraient apporter la moitié des 30 milliards d'euros promis par les Vingt-Sept et le FMI devrait fournir les 15 milliards d'euros restants.

Ce dernier a fait savoir dimanche qu'il avait accéléré les discussions avec la Grèce sur le plan d'aide afin de s'assurer qu'elles soient conclues dans les temps par rapport aux besoins de financement du pays.

"Le FMI, les partenaires européens et tous ceux impliqués dans l'effort de financement reconnaissent la nécessité d'aller vite", déclare le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, dans un communiqué.

LE PLAN D'AIDE INSUFFISANT ?

Certains se demandent cependant si ce plan d'aide sera suffisant pour calmer l'anxiété sur les marchés et empêcher le pays de faire faillite.

Ces interrogations ont propulsé le rendement des obligations grecques à dix ans au-dessus de 8,7%, portant l'écart avec les obligations allemandes de référence à 567 points de base.

Dans de telles conditions, il est devenu prohibitif pour Athènes d'honorer le service de sa dette. Sa décision de demander l'aide de l'UE et du FMI n'a pas suffi à rassurer complètement les investisseurs.

Devant des journalistes à Washington, le ministre canadien des Finances, Jim Flaherty, a reconnu que certains pays du G20, notamment en Europe, jugeaient le montant inadapté.

Dimanche, il a plaidé pour que le plan d'aide soit revu en hausse. "Comme je l'ai dit hier, nous espérons que ce sera davantage que ce qui a été annoncé précédemment", a-t-il dit à Reuters.

D'autres s'inquiètent de l'opposition que pourrait rencontrer en Grèce la mise en oeuvre de nouvelles mesures d'austérité. La police anti- émeutes a utilisé vendredi des gaz lacrymogènes contre des manifestants qui avaient organisé une manifestation surprise dans le centre d'Athènes.

Selon un sondage publié samedi, plus des deux-tiers des Grecs pensent que leur gouvernement socialiste a tardé à réagir à la crise économique ou l'a mal gérée.

Pour le journal de centre-droit Kathimerini, la Grèce entre dans une période difficile et imprévisible.

"Cela pourrait bien finir, mais cela pourrait aussi se terminer par ce que les Anglo-Saxons appellent un 'failed state' (un Etat en faillite)", écrit le journal dans son éditorial.

Avec Sophie Hardach et Clément Guillou à Paris; Gwénaelle Barzic pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet