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G20 Finances: le bras de fer commercial se poursuit

Au premier jour du G20 Finances à Buenos Aires, le FMI a mis en garde les grandes puissances sur les effets de la guerre commerciale sur la croissance. De son côté, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a appelé les États-Unis à la désescalade mais Washington est resté inflexible.

La guerre commerciale que se livrent les grandes puissances perdure le G20 a réaffirmé dimanche à Buenos Aires sa crainte qu'elle n'affecte la croissance mondiale et appelé au dialogue, alors que les États-Unis restent inflexibles quant à leurs surtaxes ou menaces de sanctions.

Les 20 pays les plus industrialisés de la planète ont estimé dimanche que la croissance mondiale était "robuste" mais menacée "à court et moyen terme (...) par l'augmentation des tensions commerciales et géopolitiques".

Le communiqué final du G20 Finances, réuni samedi et dimanche à Buenos Aires, met également en avant "la nécessité de renforcer le dialogue et les actions pour limiter les risque et renforcer la confiance".

Les États-Unis persistent et signent

Le FMI a regretté que la guerre commerciale entame la croissance mondiale, la France a appelé Washington à faire machine arrière, mais les États-Unis sont inflexibles.

Après les taxes douanières sur l'acier et l'aluminium, visant avant tout la Chine, qui ont mis le feu aux poudres, les États-Unis menacent de surtaxer les importations automobiles européennes, de sanctionner les pays qui commercent avec l'Iran et ont promis de limiter de manière drastique leurs achats de produits chinois.

Samedi à Buenos Aires, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a ratifié cette politique controversée, critiquée y compris par des alliés des États-Unis, lors du G20 des ministres des Finances et des gouverneurs de banque centrale. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, se rendra mercredi à Washington pour des pourparlers, mais pas question pour les pays européens d'accepter le diktat commercial des États-Unis.

"Nous refusons de négocier avec un pistolet sur la tempe"

"Nous refusons de négocier avec un pistolet sur la tempe. C'est aux États-Unis de faire un pas pour enclencher une désescalade, et arranger tout ça", a dit fermement à des journalistes le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire.

La veille, la chancelière allemande Angela Merkel avait assuré que L'Union européenne était "prête" à riposter à un éventuel relèvement par Washington de ses taxes sur les importations d'automobiles européennes. La directrice du FMI, Christine Lagarde, a estimé que la guerre commerciale qui sévit depuis quelques mois pourrait réduire la croissance mondiale "de 0,5 point".

Représentant de la première puissance mondiale, Steven Mnuchin a monopolisé l'attention. Il a appelé la Chine et l'Union européenne à faire des concessions pour parvenir à une relation commerciale plus équilibrée, après les déclarations fracassantes de Donald Trump qui a traité d'"ennemis" commerciaux Pékin, Bruxelles et Moscou.

Les États-Unis font cavalier seul

Face à la Chine, les États-Unis accusent un déficit commercial de 376 milliards USD en 2017 et compte le réduire. L'administration Trump a menacé d'imposer des taxes punitives sur la totalité des importations chinoises, qui représentaient 500 milliards de dollars en 2017. Pékin accuse Washington de vouloir déclencher "la pire guerre commerciale de l'histoire économique" et a réagi en imposant de nouvelles taxes sur des produits américains.

Face au cavalier seul des États-Unis, les autres pays se font les apôtres du multilatéralisme. Pour le ministre brésilien de l'Économie, Eduardo Guardia, "tout ce qui va à l'encontre du libre-échange, d'un commerce basé sur les règles, doit être résolu à travers des organisations internationales, aptes à résoudre ce type de conflit".

"Le commerce mondial ne peut pas reposer sur la loi de la jungle. L'augmentation unilatérale des tarifs, c'est la loi du plus fort, ça ne peut pas être l'avenir des relations commerciales dans le monde", a dit le ministre français.

Opportunité pour l'Europe

Pour lui l'Europe a une carte à jouer dans ce contexte, et doit tirer partie de sa puissance économique. "Unie, assure-t-il, elle peut faire bouger les choses. Nous ne sommes pas condamnés à être écrasés entre une Chine qui ne cesse de gagner en puissance et des États-Unis qui ont décidé d'entrer dans un rapport de force avec tous les autres États de la planète".

L'Europe exige des État-Unis l'exemption des surtaxes sur l'acier et l'aluminium, qui plombe son industrie sidérurgique. Elle espère que Washington épargnera son vieil allié européen, qui essuie des dégâts collatéraux, car la première puissance mondiale vise en premier lieu la Chine, numéro deux de l'économie mondiale. Le G20 Finances planche aussi sur les risques de crise dans les pays émergents, la taxation des géants du numérique, qui sont pour l'instant peu imposés.

D'après une source proche des discussions, le communiqué final du G20 Finances diffusé dimanche après la clôture des débats devrait acter le risque pour la croissance mondiale des tensions commerciales, l'engagement à travailler sur la taxation du commerce numérique et l'encadrement des crypto actifs, afin d'éviter le blanchiment, la fraude et leur prise en main par des organisations terroristes.

P.L avec AFP