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G20: les pays émergents vont tenter de se faire entendre

Les pays émergents font face à la chute de leurs devises.

Les pays émergents font face à la chute de leurs devises. - -

L'agenda du sommet du G20, qui débute ce jeudi 5 septembre, va être dominé par la Syrie. Pour autant, les pays émergents vont demander la prise en compte des risques monétaires auxquels ils font face.

Une fois n'est pas coutume, l'économie risque bien de ne pas être la principale préoccupation du sommet du G20 qui s'ouvre ce jeudi 5 septembre à Saint-Petersbourg. L'intervention militaire en Syrie devrait, en effet, bien davantage occuper les esprits.

Pour autant, d'autres sujets sont prévus à l'agenda. En témoigne l'intitulé des séances de travail: "croissance et économie globalisée, croissance et développement pour tous, croissance et commerce", etc….

Autre thème central: les risques auxquels font face les pays émergents, dont les fameux BRICS (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud, Russie). L'agenda de François Hollande prévoit ainsi des rencontres avec Enrique Pena, le président du Mexique, Manmohan Singh, le Premier ministre indien, ou Xi Jinping, le président chinois.

Dégringolade des devises

Ces pays vont appeler de leurs vœux une politique économique mondiale davantage coordonnée. Dans leur ligne de mire: la politique monétaire.

"J'insisterai à Saint-Pétersbourg sur la nécessité d'une sortie ordonnée des politiques monétaires non conventionnelles menées par les pays développés ces dernières années afin d'éviter de nuire aux perspectives de croissance des pays émergents", a ainsi prévenu, mercredi, Manmohan Singh, à la veille du début du G20.

Depuis plusieurs semaines, les émergents, Brésil et Inde en tête, font face à des retraits de capitaux, qui plombent leurs devises nationales. La raison: le possible ralentissement du soutien à l'activité américaine de la Réserve Fédérale (Fed), qui injecte chaque mois 85 milliards de dollars dans l'économie américaine.

Les anticipations des investisseurs sur l'action de la Fed ont provoqué une remontée des taux aux Etats-Unis, causant ce retrait massif de capitaux et, par ricochet, le naufrage de la roupie, du real ou encore du rand sud-africain.

Craintes du FMI

La tendance pourrait encore s'aggraver. La Fed, si elle est la cause principale de la chute des devises des émergents, n'est pas la seule grande banque centrale à avoir adopté une politique accommodante. La Banque d'Angleterre, la Banque centrale européenne ou encore la Banque du Japon ont aussi pris des mesures "non conventionnelles".

Le 23 août dernier, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, jugeait que la fin de ces mesures exceptionnelles prises par les grandes banques centrales représenterait "des risques sérieux" pour les pays émergents. "Même avec les plus grands efforts, le barrage pourrait ne pas être étanche", ajoutait-elle. Une crainte que les dirigeants de ce pays s'efforceront de manifester à leurs collègues des pays développés.

En attendant, les Emergents ont déjà réagi. Plusieurs d'entre eux ont fait intervenir leur banque centrale pour soutenir les cours de leurs devises. Lundi 2 septembre, les BRICS ont également annoncé qu'ils discuteraient de la création de réserves de changes communes pour protéger leurs monnaies.

Julien Marion