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Gibraltar bientôt victime de rétorsion économique de l'Espagne?

L'enclave britannique de Gibraltar pourrait subir des mesures de rétorsion de l'Espagne.

L'enclave britannique de Gibraltar pourrait subir des mesures de rétorsion de l'Espagne. - -

Taxe de passage, interdiction de survol du territoire et multiplication des contrôles fiscaux... L'Espagne étudie plusieurs mesures à l'encontre de Gibraltar après un différend sur la pêche.

"La récré est terminée". Voilà comment le ministre espagnol des Affaires Etrangères, José Manuel Garcia-Margallo, a annoncé que le gouvernement envisageait des mesures de rétorsion contre Gibraltar, dimanche 4 août. A la source du regain de tension: la question des zones de pêches.

C’est un conflit vieux de trois siècles qui a été relancé ces dernières semaines, lorsque des navires en provenance de Gibraltar ont coulé des blocs de bétons pour créer un récif artificiel et développer les fonds marins pour la pêche. Problème, cette installation bloque les pêcheurs espagnols et "détruit les fonds marins", selon Madrid.

50 euros pour entrer et sortir du rocher

Dans une interview au journal espagnol ABC, le 4 août, José Manuel Garcia-Margallo durcit donc le ton. Les matériaux de constructions nécessaires à ce récif artificiel seront bloqués à la frontière avec Gibraltar, et le gouvernement espagnol envisage la mise en place d’une taxe de passage de 50 euros à l’entrée et à la sortie de l’enclave britannique.

"L'argent ainsi récolté pourrait aller aux pêcheurs victimes de la destruction des fonds marins", a poursuivi le ministre des Affaires Etrangères. Une interdiction de l’espace aérien espagnol pour les vols se rendant à Gibraltar serait également à l’étude.

Des files d'attentes pour passer la frontière

Ces dernières semaines, le gouvernement espagnol a multiplié les actions, avec des contrôles fiscaux des résidents de l’enclave propriétaires d’un bien immobilier en Espagne. Des contrôles accrus de véhicules aux frontières ont aussi provoqué de longues files d’attente pour se rendre sur le rocher. 

Selon José Manuel Garcia-Margallo, ces mesures n’ont toutefois "aucun rapport" avec le conflit sur la pêche. "Il est de notre obligation de prévenir la contrebande, le blanchiment d’argent et les trafics illicites", a-t-il expliqué. Gibraltar, qui compte 30.000 habitants, ne fait pas parti de l’espace Schengen et est une zone franche.

Ce lundi 5 août, Fabian Picardo, ministre en chef de Gibraltar, a dénoncé "des bruits de bottes" et "une déclaration digne de la Corée du Nord", lors d’une interview sur BBC 4.

Un porte-parole du Premier ministre britannique a affirmé,lui, que le Royaume-Uni est "sérieusement préoccupé par la situation à la frontière entre l'Espagne et Gibraltar" et souhaite "une explication" du gouvernement espagnol.

Audrey Dufour